Glitter and Gold: de Eichenbühl à Weikersheim

Aujourd’hui c’est pluie, McDo, et fruits gratis.


Ce matin au réveil, le nez sur Google Maps, je cherche mon petit déjeuner. Une boulangerie est par chance ouverte (on est dimanche), mais c’est à Miltenberg (à six kilomètres) et elle ferme à 10h30.

Fini de traînasser, je range mes affaires et je descends tout installer sur le vélo. Je croise Jürgen à qui je dis au revoir.

Veste de pluie, car… il pleut. Un peu. De la bruine, parfait pour être trempé à l’intérieur comme à l’extérieur de la veste.

En chemin depuis Eichenbühl vers Miltenberg, sur la route empruntée la veille, je note un troupeau de vaches qui n’était pas là hier.

Meuh

Arrivé devant la boulangerie, j’apprends qu’elle est fermée pour cause de congés. Seule solution restante : McDo, de l’autre côté de la rue.

Petit déjeuner

J’avoue que j’avais un à priori négatif, et finalement j’ai bu un très bon thé, mangé un muffin tout à fait correct et des œufs brouillés acceptables : c’est toujours mieux que les calories vides d’un croissant dans un bar.

C‘était quand même pas donné.

Falaises le long du Main

Au sortir de Miltenberg, la rive opposée de la rivière est surplombée par des falaises de grès rouge qui semblent assez communes dans le coin. Entourées de végétation, ça donne un tableau assez joli.

À Freudenberg, je découvre un village presque entièrement construit avec des briques de ce grès rouge. Surprenant et très chouette.

Freudenberg
Freudenberg
Freudenberg

Puis la piste se déroule dans un décor classique : voie ferrée, forêt, rivière.

Piste cyclable

Quelques méandres plus loin, un cygne fait sa toilette au bord de l’eau sur fond de falaises rouges.

vallée du Main

Au port d’Hasloch (on dirait un nom écossais), une vedette bien atypique : celle de la police du courant.

Police

Cette brigade comporte certainement un effectif important : il en faut des hommes pour contrôler le courant, ah ah ah ! (jeu de mots d’électricien).

Ensuite c’est Wertheim.

Wertheim

À Wertheim, je quitte les bords du Main pour remonter un de ses affluents, la Tauber.

Wertheim

C’est une ville très mignonne, avec un château et un centre-ville d’apparence médiévale.

Le petit déjeuner n’est pas loin, donc j’achète à manger à emporter. Alors que je patiente à la terrasse du café où mon sandwich est en cours de confection, un monsieur me dit bonjour : c’est le serveur du resto où j’ai mangé hier.

Bonjour

Il m’explique qu’il travaille à midi à Wertheim et le soir à Eichenbühl : malin. Il me donne aussi une banane et un abricot : sympa, et il m’autorise à le prendre en photo.

Alors que je commence la seconde partie de ma journée, je constate que la route direction Tauberbischofheim, c’est-à-dire vers là où je vais, est fermée aux voitures, et seuls les vélos ont le droit d’y circuler aujourd’hui !

Qu’est-ce qu’on dit ?

HIDALGO DÉMISSION !!!

Néanmoins, je privilégie l’itinéraire cyclable qui semble passer la forêt. Et effectivement, après quelques champs plus ou moins moissonnés, la piste s’enfonce dans les bois.

Blé

Alors là, des peintures de moissons, il y en a tant que vous voulez.

Jean-François Millet, Des Glaneuses

En réalité dans le tableau de Millet, ce n’est pas la moisson mais du glanage : le ramassage de grains tombés au sol lors de la moisson, évidemment par des gens pauvres. C’est presque de l’aumône, et leur maigre récolte au premier plan, tout comme leurs vêtements élimés, contrastent avec l’abondante récolte qu’on voit derrière. Ça rappelle les images de Dorothea Lange et Walker Evans lors de la Grande Dépression.

Vincent Van Gogh, La méridienne

Outre une scène typique de la vie paysanne qu’il aimait observer, Van Gogh montre ici aussi sa technique de peintre (les couleurs complémentaires, le bleu des vêtements qui répond à celui du ciel, les coups de pinceau et aussi son sens de la composition).

Brueghel l’Ancien, Les Moissonneurs

Comme souvent chez Brueghel, ce qui est intéressant ce n’est pas le sujet (la moisson) mais les détails : la cruche cachée dans les épis, un paysan qui coupe du pain, un autre du fromage ; ou encore les personnages en arrière-plan, autour des maisons en contrebas.

Gustave Caillebotte, lui, a bien peint des champs à Gennevilliers, mais comme d’habitude, ça ne casse pas trois pattes à un canard.

Gustave Caillebotte, La plaine de Gennevilliers, Champs jaunes

Oui je sais, je déblatère encore sur Caillebotte, mais Kevin Monet, descendant du peintre et propriétaire du camion “Pizza Momo” sur le parking du Lidl à Giverny, m’a promis une pizza gratuite si je continue.

En effet, Caillebotte s’est permis de qualifier l’aïeul de Kevin de “peintre à la vision de taupe catarrheuse” (merci à mon ami François pour ses recherches sur le sujet).

Kevin m’a aussi demandé de parler du peintre Jean-Léon Gérôme, mais ce sera pour une autre fois. En attendant, retournons dans la forêt.

Forêt entre Wertheim et Tauberbischofheim

C’est très beau, ça sent le bois et l’humus (et pas l’houmous bon sang ! Je fais un voyage à vélo, pas un apéro libanais). De temps à autre, un train passe sur la voie ferrée que j’aperçois à travers les arbres sur ma gauche.

Forêt

Vers le bled d’Eulschirben, fin de la forêt ; la vallée s’élargit et à partir de Hochhausen, la piste cyclable rejoint la route des voitures, qui est donc fermée aujourd’hui. J’en profite sur une poignée de de kilomètres, jusqu’à Tauberbischofheim.

Vers Tauberbischofheim
Tauberbischofheim

Jolie ville, mais je ne m’attarde pas : il reste une trentaine de kilomètres ; or la pluie va vraisemblablement s’intensifier d’ici une heure. Aucune chance d’y échapper, mais j’espère limiter les dégâts.

De fait, à la sortie de la ville, une averse de bruine s’invite, en dépit des informations de mon appli météo. Profitant du passage sous un pont, je papote avec deux messieurs.

L’un me demande s’il y a un moteur dans mon vélo (je lui réponds qu’il y en a deux, en désignant mes cuisses) ; l’autre m’informe qu’il reste vingt-huit kilomètres jusqu’à Weikersheim.

Après la discussion avec le monsieur sous le parapluie bleu

Peu de changement dans les paysages, mais la fatigue s’installe. Finalement, je débarque à Weikersheim, à l’hôtel.

Weikersheim

Le personnel est adorable, l’établissement est très très chouette et j’ai une belle chambre avec une belle douche et un lit bien moelleux.

Pour le soir, l’hôtel a un restaurant. Ce serait très pratique s’il n’avait pas une étoile au Michelin : ça va me coûter un bras, or j’ai besoin des deux sur le vélo. Je m’oriente par conséquent vers un petit restaurant italien sans prétention à environ trente secondes à pied.

Puis le lit m’appelle, et je décide de lui répondre.


Bilan de la journée:

  • Distance : 103,46km (cumulée 205,49km)
  • Temps de pédalage : 5h10 (cumulé 9h53)
  • Dénivelée: 545m (cumulée 793m)

Crédits :


Do you walk in the meadow of spring?
Do you talk to the animals?
Do you hold their lives from a string?
Do you ponder the manner of things
In the dark?
The dark, the dark, the dark

I am flesh and I am bone
Arise, ting ting, like glitter and gold
I’ve got fire in my soul
Rise up, ting ting, like glitter

6 commentaires sur « Glitter and Gold: de Eichenbühl à Weikersheim »

  1. Les villes ont une allure bien typique et les bords du Main semblent bien agréables !
    Heureusement qu’avec Hidalgo et Caillebotte on n’est pas trop dépaysés…
    J’ai bien aimé Marcel et son orchestre

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  2. Le grès rose des maisons est vraiment très joli ! Tu fais la découverte de belles villes anciennes.
    Tout semble paisible et reposant, avec ces forêts. Dommage que la pluie soit de la partie.

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  3. Dommage que la pluie se soit invitée. Ces villes et villages avec cette architecture si particulière sont toujours très coquets. Ils paraissent très sereins et on a l’impression que rien ne peut nous arriver. Enfin on a eu des nouvelles de Caillebotte!! Merci Manu..

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  4. Comme c’est beau ces maisons ! Mais rien ne vaut les commentaires sur Caillebotte, justifiés pour ma part.
    Merci pour les explications sur les glaneuses, on a appris quelque chose.
    On attend la suite. Bisous

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