Eye Of The Beholder : promenons-nous dans les bois

Avant toute chose, parlons d’une découverte stupéfiante : une machine servant à se téléporter.


La semaine dernière, je suis allé faire deux-trois emplettes chez un traiteur de La Haye: Le Gone, sis Noordeinde 200C. “Gone” est un mot en patois lyonnais et désigne un crouet. Pour information, un crouet est une petite personne, généralement avec la niare, qui vous oblige à sortir souvent la panosse à cause des cras qu’il laisse par terre.

Et donc, vous rentrez chez Le Gone et vous êtes immédiatement téléporté.e rue Mercière à Lyon, en face d’un gars sympa, jovial et de très bon conseil. J’en suis reparti avec une paire de quenelles de brochet et un St-Marcellin ; tout était succulent.

Mmmmh

J’ai quand même failli m’étrangler quand le gars m’a affirmé que le St-Félicien était un fromage lyonnais (j’ai vérifié : c’est vrai, en réalité). Il a cependant précisé que la recette avait été copiée sur un autre fromage (c’est honnête de le reconnaître). Si on va par là les lyonnais iraient jusqu’à prétendre qu’ils ont la montagne à cause de Fourvière et de la vue sur le Mont Blanc quand il fait beau. Non mais ho.


À part ça, dimanche dernier, j’ai pris le premier train direction Zwolle pour une journée à pédaler dans la forêt.

Vite fait au départ : sortie de la ville, traversée de l’IJssel (c’est un bras du Rhin) et début de la forêt.

IJssel
Début de la forêt

Toute la journée, je pédale au milieu des arbres, des fougères, des odeurs de sous-bois et d’humus. Le soleil du printemps chauffe bien le sol aujourd’hui et je suis envahi par les effluves de la forêt.

Forêt

Comme il fait beau, je croise de nombreux autres cyclistes et en particulier un troupeau de VTTistes.

Troupeau de VTT. En plus ils portent tous un maillot estampillé du nom d’une entreprise de matériel pour l’élevage des bovins.
Encore de la forêt

Aux alentours du village d’Epe, je tombe sur une rue au nom rigolo.

Littéralement : la route de la montagne aux gâteaux

En néerlandais il y a plein de mots rigolos et poétiques comme ça. Par exemple, Kikkererwten : les pois chiches, mais littéralement : les pois à grenouille. Ou alors Paddenstoel : le champignon (littéralement : la chaise à crapaud).

Un peu plus loin, je passe à travers un quartier résidentiel de Epe, niché au cœur de la forêt. Une maison attire mon attention.

Une maison cachée par les arbres

Je quitte alors la forêt, tout en suivant une piste, pour un paysage qui ressemble à une espèce de lande, avec des arbres épars dans une végétation touffue style bruyère. J’en profite pour faire une petite pause sur un banc.

C’est alors que passe un attelage constitué d’un cheval noir, une charrette noire, le tout conduit par un homme vêtu de noir. Vous savez qui c’est ?

J’y suis : c’est Zorro. Mais il a bien vieilli, on dirait. Il a troqué la selle de son cheval pour le confort d’une charrette.

Zorro est sans doute en quête d’une nouvelle aventure. Comme celle que vous pourrez entendre ci-dessous.

Ceci étant, la faim commence à se faire sentir : je remonte sur mon vélo et je continue jusqu’à la prochaine forêt, afin de trouver une aire de pique-nique à l’ombre.

Alors, assis sur un tronc d’arbre couché, je m’apprête à écailler un œuf dur, et quelle n’est pas ma surprise.

J’en profite pour rappeler aux œufs durs qui figurent parmi mes lecteurs qu’on ne joue pas avec le côté obscur de la Force, ce n’est pas un jouet.

Nonobstant cette mise au point, la pause pique-nique me permet de rester tranquille à écouter les bruits de la forêt et notamment des oiseaux, ce qui me fait un bien fou.

Par la suite, je quitte brièvement la forêt pour traverser un petit hameau ; ma route semble me mener vers quelqu’un que j’ai déjà croisé. Quelqu’un qui parle par énigmes et qui est plus difficile à rattraper qu’une chimère.

Le chemin de la licorne. Va-t-il me mener jusqu’à Philémon ?

Je continue sur mon chemin, espérant trouver la trace de la licorne, mais pas moyen de l’apercevoir. Je ne suis pas surpris, le coin où je suis est proche de la ville d’Apeldoorn, il y a du monde et la licorne ne se montre pas facilement.

Encore quelques kilomètres et je traverse un paysage qui ressemble au Parc de Haute Veluwe : je m’approche de ce parc, que j’ai prévu de traverser aujourd’hui.

Lande de Haute Veluwe

À Hoenderloo, je file vers l’entrée du parc. Je ne pose même pas pied à terre, je montre ma carte annuelle d’abonné ; derrière sa vitre, l’employé me sourit et me fait un signe : bienvenue à la maison.

Juste après l’entrée, j’avise des camionnettes qui semblent servir à boire et à manger : parfait pour une pause rafraîchissement. Un gentil monsieur me sert un verre de jus de pastèque : délicieux. Il me dit “ici on paye avec un sourire” (inhabituel : aux Pays-Bas, on paye rarement avec le sourire). Il m’explique qu’il participe en réalité à un événement sponsorisé : les participants font des jeux, visitent le parc, certains suivent un cours de dessin, assis dans l’herbe.

Le bon jus de pastèque

Je viens souvent dans le parc de Haute Veluwe, vous savez donc que c’est un lieu calme et sauvage. Peut-être vais-je y retrouver la trace de la licorne.

En attendant, je commence la traversée. Un hêtre m’offre un peu d’ombre et de calme. Il m’informe que je trouverai la licorne.

Info licorne

Par la suite c’est changement de décor : des dunes. Il n’y a que du sable. Le ciel est un peu voilé : il ne fait pas trop chaud ; mais l’air est sec.

Une dune

J’entends alors le pas lourd et régulier d’un animal de grande taille, accompagné d’un mugissement. C’est inattendu : dans ce parc, il y a des sangliers, des cerfs et des mouflons, mais a priori aucun de ces animaux ne fait ce genre de bruit.

Lentement, la source du mugissement apparaît sur la crête de la dune.

Un tusken chevauchant un bantha

L’homme des sables descend de sa monture et commence à s’approcher de moi. À ce stade, j’ai beau avoir croisé Zorro, la possibilité d’une licorne et un œuf de l’Empire Galactique, je suis quand même interloqué.

Attiré par la pomme que je tiens à la main, il commence à la regarder et à la renifler. Puis il repart en courant vers son bantha. Alors que je m’apprête à repartir, je le vois revenir, une petite bouteille à la main. Je ne comprends rien à ce qu’il dit, jusqu’à ce qu’il me prenne mon bout de pomme des mains et y mette sa bouteille.

Il commence à grignoter le fruit ; quand il tourne soudainement la tête vers moi pour me regarder fixement, je comprends qu’il serait poli, et souhaitable, de goûter le contenu de la bouteille. Ça a la consistance du lassi mais avec une couleur bleu clair : du lait de bantha. Curieusement, c’est très bon, un peu sucré, avec un goût qui évoque quelque chose entre la ricotta et un fromage de brebis très doux.

Je lui rends sa bouteille ; il a mangé toute la pomme et semble assez satisfait de l’échange. Remontant sur le bantha, il disparaît rapidement derrière la dune.

Quant à moi, je remonte sur mon vélo. Je commence à fatiguer et prends donc le chemin de la sortie du parc, direction Arnhem pour le train de retour.

Une dernière photo du parc

Juste avant de quitter le parc, je tombe sur un chevreuil en train de brouter.

Pas farouche, il me regarde et continue à manger

Quelques kilomètres plus loin, c’est Arnhem. Rapidement, j’arrive à la gare.

Fin de journée

Un petit quart d’heure d’attente, et je monte dans un train direction la maison. Voilà une journée bien remplie. Je n’ai pas vu la licorne mais elle sera là une prochaine fois, de toute façon c’est elle qui choisit de venir à vous. Je lis quelques pages de mon livre et passe le reste du voyage à regarder par la fenêtre.

Entre deux villages, je vois toute une colonie de cigognes qui s’affairent dans un champ.


Bilan de la journée:

  • Distance : 100,26km
  • Temps de pédalage : 5h25
  • Dénivelée: 444m

Y’a un peu plus, je laisse ?

Fin avril, je suis allé voir Metallica en concert avec mon petit garçon. Et je crois que ça lui a bien plu.

La chanson c’est “The Call of Ktulu” sur l’album Ride The Lightning

C’est l’occasion de se téléporter de nouveau, en compagnie d’un pirate bien connu, pour écouter son point de vue sur la vie.


Crédits :


Do you fear what I fear?
Living properly
Truths to you are lies to me
Do you choose what I choose?
More alternatives
Energy derives from both the plus and negative
Do you need what I need?
Boundaries overthrown
Look inside, to each his own
Do you trust what I trust?
Me, myself and I
Penetrate the smoke screen, I see through the selfish lie

Doesn’t matter what you see
Or into it what you read
You can do it your own way
If it’s done just how I say

4 commentaires sur « Eye Of The Beholder : promenons-nous dans les bois »

  1. Que d’aventures en une journée ! Des rencontres incroyables et un suspense insoutenable concernant la licorne …
    Les paysages sont reposants, à l’image de la nature aux Pays-Bas. Les dunes, à l’intérieur des terres, sont toujours aussi étonnantes !

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