Hotel California : la douceur d’un début d’hiver

Première nouvelle : ça déménage. Au sens littéral du terme.

J’ai délaissé la grande maison que j’avais achetée avec la maman de Grogu il y a neuf ans, et bougé dans un quartier différent. L’école de Grogu est plus près, le centre-ville de La Haye est plus facile d’accès, et je gagne pas moins de sept minutes sur le trajet pour aller voir Bo-Katan.



Le dernier week-end avant les vacances de fin d’année, lassé du bricolage, du rangement, des courses de Noël et du boulot, je me prévois une petite virée à vélo.

Alors que j’arrive à la gare centrale de La Haye, le ciel blanchit et je croise des voyageurs matinaux qui semblent encore endormis. Puis un train m’emmène à Utrecht. Facile et rapide : c’est beau les trains !

Je sors rapidement de la ville et pédale dans des paysages familiers : des forêts bordées de prés, des chemins à travers bois. Il fait assez doux, entre 6 et 7 degrés. Le plan grand froid ? Pas encore.

J’arrive ensuite à Zeist, une ville jumelée avec Menton, sur la Côte d’Azur. Chaque année, les maires respectifs de ces villes s’échangent symboliquement deux fruits cultivés dans ces villes respectives : deux pommes pour Menton, et à Zeist, deux citrons.

À Zeist, je croise une gare, et ça me rappelle la gare de Ede-Wageningen, croisée au printemps dernier. À la différence de cette dernière, vide et peu accueillante, il s’y trouve des trains et des voyageurs. Et un café, derrière des parois vitrées.

Gare de Zeist

Et je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à Automat, de Edward Hopper.

Edward Hopper, Automat

Au bord d’une route, je croise un héron blanc. À la différence de son collègue cendré, que l’on voit souvent se promener nonchalamment, il est farouche et décampe dès qu’il se sent observé. Mais sans s’éloigner pour autant. Il reste là autour de vous, à vous observer, et prêt à partir si vous vous approchez un peu trop.

En fait, le héron blanc, c’est votre oiseau intérieur.

Il est la sagesse même. Il vous indique l’instant présent. Il se joue des certitudes inutiles et encombrantes. Il échappe à toute vélléité de contrôle. Il n’a aucune attente. Il se fiche de ce qu’on pense de lui. Il sait qu’il est le meilleur de vous-même.

Le héron blanc est toujours présent, toujours proche, mais fugace, et si votre égo cherche à l’attraper, il s’enfuit. Le héron blanc ne vient que lorsque vous avez compris que le mental n’a rien à offrir, et que toutes les histoires rassurantes que ce dernier vous raconte sont vides.

Dans sa chanson Crucify, Tori Amos, s’adressant à elle-même, écrit “You’re just an empty cage, girl, if you kill the bird”.


Après une pause en-cas (j’ai pris des œufs durs et du fromage), je rejoins la ville de Doorn. Je longe un parc au milieu duquel trône une sorte de bâtisse.

Aujourd’hui, il s’agit du musée historique Huis Doorn. L’empereur Guillaume II s’y est exilé en 1918, après son abdication, et il y est décédé en 1941. Sa tombe se trouve dans le parc, et fait l’objet d’un pèlerinage annuel de la part de monarchistes allemands, à la date de sa mort.

Si l’envie vous vient de porter un quelconque jugement sur cette pratique, sachez qu’il y a encore des messes à la mémoire de Louis XVI chaque 21 janvier. Et je ne vous parle même pas de l’indigeste hommage de Tino Rossi à Napoléon.

Bordure du parc de Huis Doorn

Ensuite, je retrouve la campagne.

Route de campagne
Forêt de campagne
Maison de campagne
Pâté de campagne

Sur la fin, je passe devant une salle de concert/restaurant appelée Beauforthuis, soit la Maison de Beaufort. Rien à voir avec le fromage, hélas, simplement un notable local du XIXème siècle appelé Arnoud Jan de Beaufort.

Juste avant d’arriver à Utrecht, la piste longe un anneau de vitesse pour canards. Il semble qu’il y ait des courses endiablées dans le coin (en hiver, histoire d’avoir un froid de canard). Ça doit donner lieu à de belles prises de bec.

Stade de courses pour les canards

Dans le train pour La Haye, je mange le fromage et l’œuf dur qui me restent. Une petite fille engoncée dans sa poussette me montre les crackers qu’elle grignote et m’envoie un coucou de la main quand je descends du train.


Bilan de la journée :

  • Distance : 70,74km
  • Temps de pédalage : 3h34
  • Dénivelée : 216m

Crédits :


Mirrors on the ceiling, the pink champagne on ice
And she said, « We are all just prisoners here of our own device »
And in the master’s chambers, they gathered for the feast
They stab it with their steely knives, but they just can’t kill the beast
Last thing I remember, I was running for the door
I had to find the passage back to the place I was before
« Relax,  » said the night man, « We are programmed to receive
You can check out any time you like, but you can never leave »

6 commentaires sur « Hotel California : la douceur d’un début d’hiver »

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