Brethren of Roma: la Terre Promise

Aujourd’hui, un voyage vers d’autres cieux et d’autres ères.

Mais tout d’abord, une information des plus capitales : les Dupond-Dupont ont fait leur service militaire au Génie, ils en parlent p.37 de l’album Les Bijoux de la Castafiore (des fois que vous ayez l’impression que ça tombe comme un cheveu sur la soupe, il s’agit de la réponse aux devinettes posées dans l’article précédent).


Grogu adore écouter les excellentes adaptations des albums de Tintin sur France Culture, et tout l’été je l’ai entendu répéter des choses comme “Vos gammes, monsieur Wagner !” ou encore “Walter Risotto, Paris-Flash !”. À la piscine, alors que j’entrais à reculons dans l’eau bien froide du bassin extérieur, il m’a lancé “mais saute donc, mille sabords !”.

Sinon, avant que j’oublie, plusieurs d’entre vous m’ont parlé de soucis sur les commentaires du blog. Si cela vous arrive (genre, pas moyen de poster un commentaire, ou alors un nom d’utilisateur qui ressemble à une chaîne de caractères aléatoire), contactez-moi directement.

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Or donc.

Mercredi 13 août, mon réveil sonne à 3h30 du matin. Trois heures plus tard, je suis à Schiphol et je regarde le soleil se lever, derrière l’avion qui va m’emmener à Munich.

Deux types au polo siglé d’une grosse entreprise américaine, le laptop sur les genoux, sont en train de pianoter sur leur clavier. Je trouve cela bien triste et c’est une image que je me promets de garder à l’esprit, pour laisser au travail la place qu’il mérite. Sur ce, je m’en retourne à mon lever de soleil.

Une sieste plus tard, je suis à Munich, et je m’apprête à prendre un autre vol, pour Tel-Aviv.

Lever de soleil à Amsterdam

À la porte d’embarquement, je suis en train de faire la queue derrière toute une ribambelle d’ultra-orthodoxes ; en hébreu on les appelle haredim, c’est à dire ceux qui craignent Dieu (le mot hareda, c’est le terme clinique pour l’anxiété). Bref, une dame arrive et me demande “c’est ici le vol pour Tel Aviv ?”. Hem. À ton avis.

Au loin la ville de Tel-Aviv

Arrivé, je poireaute un bon moment au contrôle des passeports. Le fonctionnaire se montre étonné : “Avec le nom que tu as, c’est la première fois que tu viens en Israël ?” Genre, qu’est-ce qui t’a pris d’attendre si longtemps ? Un peu comme ma grand-mère qui me reprochait de ne pas aller la voir plus souvent.

Au final, il me tend mon visa et me souhaite la bienvenue, mais un peu plus et je serais reparti avec une boîte de makrouds. Merci mamie.

Dans la file d’attente pour les taxis, je discute avec deux jeunes Français, qui me disent venir ici régulièrement. Ils parlent de faire des affaires dans l’immobilier à Dubai, Miami, Marrakech. La vérité, ça me rappelle trop un film.

La journée commence à être longue et je suis soulagé d’arriver à mon hôtel. Je reste à Tel-Aviv deux jours, et puis Bo-Katan, pour l’instant en vacances dans le nord du pays avec ses enfants et des amis, viendra me chercher et on ira chez ses parents, à côté de Jérusalem.

Fruits du soleil

Le soir, je marche vers la plage, alors qu’il fait déjà nuit. Partout, des drapeaux et des bannières rappelant la situation des otages.

Je me trouve une gargote pour le repas du soir : un petit restaurant qui sert des pitas. C’est un peu le bazar, mais un de mes collègues m’avait dit : “tu verras, Israël, c’est le foutoir, mais c’est un foutoir qui fonctionne”, donc je ne m’en fais pas.

Des Français se plaignent que “c’est complètement désorganisé, ils sont nuls, nuls, nuls” et, ayant déjà entendu beaucoup de français dans la rue, ça annonce le reste du séjour : la langue de Molière est celle que j’entendrai le plus après l’hébreu. Je sens qu’entendre mes compatriotes va me soûler.

Alors que je retourne vers l’hôtel, mâchonnant ma pita au houmous, je vois des religieux danser sur la chaussée. Ce sont des membres de la communauté ultrareligieuse Na Nach et danser dans la rue fait partie de leur pratique.


Le lendemain, je me rends à Anu, le musée de la diaspora. Très riche, plein d’informations et d’histoire, j’y reste quasiment toute la journée.

Sur le chemin du musée, encore une bannière pour les otages
Musée de la diaspora

J’ai bien aimé la section consacrée à la culture juive (même si, scandale, il n’y est question ni d’Enrico Macias ni de Rika Zaraï) et celle sur l’histoire des différentes communautés. J’ai reconnu, dans les images de la communauté séfarade, le style de photos des albums de famille de mes grands-parents.

Et j’ai bien rigolé devant le panneau dédié à l’humour juif (Gad Elmaleh et Rabbi Jacob y sont mentionnés).

La guitare de Leonard Cohen

Le musée Anu est situé au cœur du campus de la ville. Une fois ma visite terminée, je prends le bus pour retourner au centre-ville.

Campus

Je traverse le marché couvert de Sarona et fais une pause dans un square attenant. Puis le papa de Bo-Katan, qui m’appelle pour venir aux nouvelles, me conseille d’aller voir la place des otages, non loin de là.

Hier, j’ai marché pour aller à la plage et vu danser des gens dans la rue. Aujourd’hui, j’ai acheté une carte de transports en commun, j’ai pris le bus, visité un musée, mangé au restaurant, déambulé dans un marché couvert. J’ai vu des gens vivre une vie normale.

Et alors, la visite de la place des otages remet bien les idées en place.

Un immeuble éventré par un missile iranien au mois de juin (aucune victime, ça a eu lieu la nuit et il s’agit d’un bâtiment d’un ministère)
Maquette grandeur nature des tunnels où sont retenus les otages
Compteur indiquant les jours depuis le 7 octobre 2023
Place des otages

Je discute avec une dame derrière un stand qui propose des articles comme des pin’s, des t-shirts, des livres, dont la vente sert à soutenir le mouvement en faveur des otages.

Elle critique vertement les actions du gouvernement actuel dans la bande de Gaza, qu’elle qualifie d’impasse ; mais aussi l’antisémitisme qui inonde les réseaux sociaux ou celui qui se répand dans les rues en Europe, sous couvert de soutien aux Palestiniens.

Elle pointe en particulier du doigt l’hypocrisie consistant à mettre dans le même sac le gouvernement d’Israël et ses citoyens, voire la diaspora, tout en gardant sans vergogne le silence sur le caractère terroriste et criminel du Hamas lorsqu’il s’agit de soutenir les gazaouis.

Un peu remué, je repars vers l’hôtel. En chemin, je passe devant une crêperie bretonne. Vrai de vrai.

Écrit en hébreu : “crêperie locale”

Le lendemain, je vais visiter Jaffa, ou Yafo, la vieille ville de Tel-Aviv. Le port de la ville, aujourd’hui un port de plaisance, existe depuis environ sept mille ans.

Changement de décor total, là où Tel-Aviv est une ville moderne qui grouille d’activité, Jaffa est un quartier bien plus tranquille, étalant nonchalamment ses siècles d’histoire. Beaucoup de monde s’est succédé dans le coin.

Je déambule sur le port, dans les petites rues ; je vais manger chez Abulafia, la meilleure boulangerie de la ville ; j’achète des souvenirs et des cartes postales ; je discute avec une vendeuse dans une galerie d’art (bon sang, je me relis et il ne me manque plus pour compléter le tableau qu’une villa au Cap Ferret et des places réservées à Roland-Garros fin mai-début juin).

À proximité du port

L’heure file et je dois retrouver Bo-Katan à mon hôtel dans l’après-midi. Je marche donc direction Tel-Aviv, le long de la mer.

Au loin, Tel-Aviv

Il fait une chaleur à crever, et plus je me rapproche de la ville, plus il fait moite. Je prends mon temps et avant de retourner chercher mes bagages, je passe par le marché du Carmel. Bien plus grand et moins sympa que le marché de Jaffa, c’est un gros bric-à-brac surpeuplé, une alternance de vendeurs de nourriture et de babioles. Un site internet de tourisme en Israël m’avait présenté l’endroit comme un incontournable, et effectivement beaucoup d’échoppes vendent des trucs à touristes.

Marché du Carmel

C’est frénétique car nous sommes vendredi après-midi, et tout le monde s’agite avant Shabbat. Deux jeunes hommes ultra orthodoxes s’emploient à faire réciter des prières à tous ceux qui passent, ça fait partie de leurs bonnes actions en ce jour.

Enfin, le marché ferme, je vais chercher mon sac à l’hôtel, Bo-Katan et ses enfants me récupèrent. Je grimpe dans la voiture et on quitte Tel-Aviv.

C’est fini pour le moment.

Prochain départ pour ailleurs, plus tard, plus loin… peut-être ?


Crédits :


Blow softly on my heart
Blow soft, wind coming in from the past
Drove my handle tonight
From mountains until the roads and trams

This is the breath of Roma
Caressing the people’s feelings

Tell me the story of your walls
Our love hidden behind your wounds
Roses, tears, smiles and stars
And hundreds to spend with Cupid’s arrows

Give speech to your human sculptures
You burn your bridges and found dimes

This is the breath of Roma
Caressing the people’s feelings

This is the breath of Roma
Listening to the heart’s beatings


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2 commentaires sur « Brethren of Roma: la Terre Promise »

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