Never let me down again: après quoi court-on

Le 15 février dernier, j’ai travaillé sur le lâcher prise. J’ai cherché tout ce qui était inutile et encombrant. Je me suis souvenu d’où ça venait, à quoi ça avait un jour servi. Puis je l’ai laissé partir sans regret.

Bref, je suis allé à la déchèterie.


À part ça, samedi dernier, je ressors le vélo, qui tourne comme un lion en cage. Je récupère sur Komoot un petit itinéraire Gravel/VTT, je charge le vélo dans la voiture et c’est parti direction Amerongen, entre Utrecht et Arnhem.

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Quelques jours auparavant, j’ai fait du télétravail depuis la maison de Bo-Katan. Pour le soir, son fils aîné m’a réclamé un plat “typiquement français” : je lui ai donc préparé un poulet Marengo, plat commémorant la bataille de Marengo en 1800, gagnée par l’armée française dirigée par Bonaparte.

Poulet Marengo

Ensuite, comme c’est l’occasion, je vous mets une référence à un tableau de notre ami Jean-Léon Gérôme, “Bonaparte devant le Sphinx

Bonaparte devant le Sphinx

Avec l’arrière-plan désertique et les soldats grands comme des fourmis, on voit bien le sujet, c’est-à-dire le Sphinx, vestige plurimillénaire d’une glorieuse civilisation de l’Antiquité ; et en face, le défiant et se mettant à sa hauteur, Bonaparte. On savait déjà que l’empereur était plutôt imbu de sa personne, et là Jean-Léon en rajoute une bonne couche au rayon flagornerie même pas subtile. Pas étonnant qu’il détestait les impressionnistes, lesquels avaient un peu plus de trucs à dire.

Aux dires de Wikipedia, Jean-Léon Gérôme a voyagé en Égypte. Tel un touriste qui n’aurait pas quitté son hôtel de Charm el-Cheikh mais disant “j’ai fait l’Egypte”, il n’en a ramené que ce qu’il était allé voir.

Monet, lui, a su capturer l’essence des paysages néerlandais à la faveur d’un court séjour à Zaandam. Notez en particulier la direction des nuages, en diagonale, le ciel jamais vraiment limpide, et l’atmosphère toujours un peu voilée.

La Zaan à Zaandam
Zaandam

Laissons cependant Jean-Léon à ses pâtés et quittons le supermarché Jumbo d’Amerongen, où j’ai acheté deux petits sandwiches pour mon pique-nique. L’itinéraire me fait vadrouiller au cœur du parc forestier Utrechtse Heuvelrug et je passe dès le début un bon moment au milieu des arbres.

Single track

Beaucoup de vététistes dans ce coin, l’endroit se prête bien à la pratique du VTT. Néanmoins ça reste très tranquille.

Le long d’une route un panneau vous avertit de la persistance de la poisse.

“Remmerden” est un verbe de l’argot néerlandais et se trouve être un reliquat de l’expression française “si ça a merdé une fois, ça peut remerder” (connue aussi comme seconde loi de Murphy) et introduite lors de l’invasion napoléonienne du pays. Les néerlandais étant de culture protestante, ils n’ont pas intégré l’invocation de la Sainte Patronne des bricoleurs du dimanche, et pourfendeuse de la loi de Murphy, à savoir Notre-Dame du Bordel de Merde.

D’aucuns diraient que Remmerden est le nom d’un hameau faisant partie de la ville de Rhenen, mais je n’ai pas pu vérifier moi-même.

Traversant justement Rhenen, alors que je prends en photo quelques crocus, une petite fille en trottinette vient me féliciter de prendre en photo de si jolies fleurs et m’indique, un peu plus loin, un parterre où il s’en trouve “plein plein plein et de très jolies”.

Fleurs

Rhenen se situe au bord du Rhin et je longe le fleuve sur quelques kilomètres.

Rhenen
Eau de Cologne, en quatre lettres

Dans l’ancien domaine royal Orange Nassau, une colonie de daims me regarde avec curiosité avant de retourner vaquer à ses occupations (brouter, ruminer, se gratter le bide).

Daims

Par la suite, je longe un golf et ça me rappelle une chronique entendue sur Couleur 3 à propos du nom donné aux sports.

Le chroniqueur trouvait amusant que le nom “ping-pong” était en réalité le bruit qu’on entend quand on pratique ce sport, avec les rebonds de la balle sur la table ; et qu’en suivant cette logique, le golf pourrait s’appeler le “hey, sympa ta nouvelle Rolex”.

Ensuite, je replonge dans la forêt et son calme. Je n’entends que le bruit du vélo qui file sur les chemins et il n’y a personne.

Je profite de l’odeur de rondins fraîchement coupés pour faire une pause déjeuner et ça éveille le souvenir d’autres sorties. Je laisse mon esprit divaguer.

Pique-nique

À propos de souvenirs, il y a quelques mois Grogu a goûté une Dafina préparée par mes soins — c’est un plat que faisait ma grand-mère paternelle. “C’est bien dommage qu’elle soit morte, parce que j’aurais pu lui dire que c’est délicieux”, a-t-il commenté.

Dafina

Je redémarre à travers la forêt et les petits villages. J’écoute un peu de musique et j’arrête de regarder les kilomètres. Je ne suis pas loin des villes de Ede et Wageningen, où j’avais déjà fait une sortie l’an dernier et ça caillait sévère.

Photo envoyée à ma nièce qui adore les chevaux

À proximité de Veenendal, je tombe sur une tour d’observation qui offre une belle vue sur toute la lande et les oiseaux qui s’y affairent.

Je repars pour une vingtaine de kilomètres restants, avec de nouveau de la forêt et la musique dans les oreilles.

Encore des arbres

La belle chanson La symphonie des éclairs de Zaho de Sagazan me rappelle que quelle que soit la pluie, quel que soit l’orage, “il fait toujours beau au-dessus des nuages” et qu’on peut “[traverser] les nuages comme le fait la lumière”.

Et ça ressemble aux vers de Leonard Cohen “There is a crack, a crack in everything / That’s how the light gets in”.

Derniers kilomètres, je passe à proximité d’un château dans la forêt.

Domaine de Prattenburg
Forêt

La journée se termine le long de la route qui mène à Amerongen, sur des chemins de VTT que je partage avec une poignée de vététistes sympas.

Je charge le vélo dans la voiture et repars en direction de la maison. Demain, je vais voir Bo-Katan. Elle a ses enfants. Ce sera une journée sans doute un peu plus animée.


Bilan de la journée:

  • Distance : 75,42km
  • Temps de pédalage : 3h46
  • Dénivelée: 348m

Crédits :


I’m taking a ride with my best friend
I hope he never lets me down again
He knows where he’s taking me
Taking me where I want to be
I’m taking a ride with my best friend

We’re flying high
We’re watching the world pass us by
Never want to come down
Never want to put my feet back down on the ground

7 commentaires sur « Never let me down again: après quoi court-on »

  1. La lumière de printemps est très belle et elle n’a même pas besoin de traverser les nuages !

    Belle balade qui fait du bien au corps et à l’esprit !

    J’aime

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