Wherever I May Roam : de retour sur la route.

Quand je suis arrivé aux Pays-Bas en 2008, c’était le 1er novembre. Il faisait moche, de l’eau tombait du ciel, et il s’est arrêté de pleuvoir à la mi-mars. Alors quand il fait beau en novembre, on ne gâche pas et on monte sur son vélo.


Aujourd’hui dimanche 2 novembre, aucun nuage. Je me lève, je te bouscule, tu ne te réveilles pas, petit déjeuner et je saute dans le train direction Utrecht.

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À propos d’Utrecht : il y a pas longtemps, Bo-Katan et moi sommes allés voir un spectacle de stand-up à Amsterdam par une troupe d’impro américaine — c’était très bien — et comme c’est surtout destiné aux expatriés, ils se sont copieusement moqués des néerlandais.

Et donc il y a eu une blague comme quoi la gare centrale d’Utrecht est la préférée des néerlandais parce que dedans vous avez pas moins de deux Albert Heijn to go (supérette de gare, d’aire d’autoroute ou d’aéroport). Il est vrai que les néerlandais adorent faire leurs courses chez Albert Heijn.

Et donc…

Un…
Et deux

Je passe ensuite devant la fabuleuse salle de concert Tivoli Vredenburg, où j’ai vu John Butler, Andrew Bird, The Dire Straits Experience, Larkin Poe (avec Grogu et son ours), La Femme, et Souad Massi.

Tivoli Vredenburg

Avec ça, je quitte Utrecht à travers un dédale de petites rues.

Après c’est la cambrousse, le long des routes et à travers chemins boueux. Mon vélo roule tip top, deux jours auparavant je l’ai emmené au magasin pour la révision.

La cambrousse
Un chemin parfait pour le gravel

Peu avant Hilversum, je croise dans la forêt une dame sur son cheval, téléphone plaqué sur l’oreille. Je me demande si c’est bien autorisé de téléphoner à cheval. Peut-être qu’il existe des kits mains libres comme pour les voitures. Peut-être que la firme à la pomme a développé HorsePlay sur le modèle de CarPlay, je ne sais pas.

C’est là aussi que je passe dans la forêt de Loosdrecht. En plein milieu, une clairière gigantesque avec un bâtiment peu commun, dans une partie duquel est installée une brasserie.

À première vue, on dirait un sanatorium de l’époque communiste. En effet, on le sait trop peu, mais les Pays-Bas ont été un pays communiste : une de mes collègues, qui a commencé avant moi, m’a dit que quand elle était arrivée il n’y avait qu’une seule marque de soupe en sachet (aujourd’hui il y en a facilement trois) dans une seule sorte de supermarché.

Une française avec qui j’avais discuté dans un train et travaillant pour Eurojust (agence européenne de coopération judiciaire) m’avait dit que quand elle avait commencé en 1998, il n’y avait dans toue la ville de La Haye qu’un seul distributeur de billets acceptant les cartes étrangères, j’imagine contrôlé par le Parti et tout ça.

Et je ne vous parle pas du seul fabricant de boisson chocolatée (Chocomel), le seul autorisé par le Comité Central, ou alors des Plans Quiquennaux, par exemple pour construire des pistes cyclables, ou celui intitulé “la santé pour tous grâce au paracetamol”.

Bref, revenons à notre sanatorium, car c’en est un.

Construit dans les années 20-30, il accueillait des ouvriers diamantaires atteints de tuberculose. Le chapeau du seul article que j’ai trouvé à ce sujet nous dit que cette catégorie de population était sujet à cette maladie en raison de mauvaises conditions de travail et de leurs maisons souvent exiguës et humides. À l’origine le lieu appartenait au syndicat néerlandais des diamantaires.

À la faveur d’une autre clairière, je me pose pour une halte déjeuner. À Utrecht j’ai acheté un croissant au jambon, un petit sandwich au fromage et un yaourt dans une gourde. Je profite de ma pause et du soleil. Le temps s’étire, les bruits et les odeurs de la nature se font davantage présents. Je laisse les idées filer dans mon esprit.

Pause

Je ne reste néanmoins pas trop longtemps, pour éviter de me laisser engourdir par le froid, et je poursuis mon chemin à travers la forêt. Je devrais prendre des cours avec la fille de ma cousine (elle est championne de France de pumptrack, excusez du peu) pour qu’elle m’apprenne à sauter par-dessus les troncs d’arbre sans descendre du vélo.

Un aperçu du chemin

Peu avant la ville de Weesp, je rejoins une piste cyclable au bord de l’eau, le long du Danube du Rhône de la Loire du Vecht, un fleuve faisant partie du delta du Rhin.

Vecht

Je traverse ensuite la ville de Weesp, que je ne connaissais pas, et c’est très mignon. Avec une église située sur le Waagplein, ce qui signifie que c’est vague et qu’on ne sait pas où on est. Heureusement une flèche indique la direction à suivre.

Y’en a marre de ces noms de voirie à la con. HIDALGO DÉMISSION !!!

En passant devant un magasin Kruidvat, je prends conscience de la signification de ce nom : baril d’herbes (celles que vous utilisez pour cuisiner, pas celle des coffee shops). En fait c’est une droguerie, on y trouve des cosmétiques, des médicaments, des produits d’hygiène, et, en général, en face du dentifrice et des brosses à dents, un large assortiment de bonbecs.

Kruidvat de Weesp

Bientôt la fin de la journée, je poursuis en direction d’Amsterdam. Peu avant d’atteindre la ville, une pause pipi (précaution toujours utile avant d’entrer dans une grande ville) et un petit coucou à Bo-Katan.

😘

Plus que quelques kilomètres le long du canal qui relie Amsterdam à Weesp et Utrecht, et j’arrive à la gare centrale. Juste une photo et je saute dans un train.

Amsterdam
Gare centrale

Dans le train, je continue le livre que j’ai emmené dans ma sacoche, et que j’ai commencé ce matin. Une libraire d’Albertville me l’a conseillé quand je lui ai demandé quelque chose qui se passe à Venise.

J’ai trouvé les premières pages atrocement mauvaises et bâclées. Un exemple, l’héroïne a “un penchant pour la soupe de poisson avec de la rouille (quoi de plus breton ?)”.

J’ai cherché l’origine de la soupe de poisson à la rouille, j’ai trouvé des recettes de Sète et de Marseille. Quoi de plus breton, donc ? Eh bien géographiquement : le cassoulet de Castelnaudary, la gâche vendéenne, l’aligot de l’Aubrac, les quenelles de Lyon, les tripes à la mode de Caen ou la tarte au Maroilles.

Je me suis dit qu’une fois descendu du train je délaisserais ce bouquin, et qu’il finirait dans une boîte à livres. Et puis non, à partir du cinquième chapitre, c’est comme si le texte avait changé d’auteur. L’écriture et le rythme s’améliorent, les personnages prennent un peu d’épaisseur, l’histoire décolle. Si ça vous intéresse que je vous le donne pour le lire plus tard, laissez-moi un commentaire.

Après si vous voulez une belle histoire facile à lire mais rigolote et bien écrite, je vous recommande le titre suivant.

Pas drôle du tout mais avec une écriture incroyable, cet autre livre que j’ai commencé sur le voyage vers Berlin, et que j’ai dû recommencer après le décès fortuit de ma liseuse.

C’est tout pour aujourd’hui.


Bilan de la journée :

  • Distance : 64,70km
  • Temps de pédalage : 3h08
  • Dénivelée: 104m 😭

And the earth becomes my throne
I adapt to the unknown
Under wandering stars I’ve grown
By myself but not alone

5 commentaires sur « Wherever I May Roam : de retour sur la route. »

  1. Tu es sûr que tu veux apprendre à sauter les troncs d’arbre en BMX ? Les 64,70km restants vont être longs sans poser les fesses sur la selle !!! 🙂

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  2. Encore une belle randonnée sous le soleil ! Bravo pour les kilomètres !

    J’apprends un peu de géographie et d’histoire des Pays-Bas.

    Il paraît que la ville d’Utrecht s’est développée au Moyen-Age grâce au fleuve Vecht qui constituait une liaison importante entre le Zuidersee (IJselmeer actuel) et le Rhin, reliant ainsi l’Europe du Nord et l’Allemagne.

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  3. hello,

    Je n’ai pas la culture historique de ma soeur, ni celle physique de ma fille et petite fille et n’ai donc pas grand chose à dire … si ce n’est bravo pour cette encore belle aventure!

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  4. Manu,

    Thanks so much for providing an English translation! We’re glad you are out on another adventure and enjoy your historical references. Your post is a much needed diversion on this election day where we are all hoping for a miracle.

    Dan and Nan

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