Vault of Heaven : de Wachow à Berlin

Au programme : du vent, de la ville, et des amis.


Ce matin jeudi 5 septembre : Berlin 32km. Dernier petit déjeuner du voyage ; à l’hôtel se trouve tout un groupe de vieux qui encombrent le buffet. En plus ils font une razzia façon sauterelles sur les petits pains sympa, genre seigle/avoine-graines de courge.

Notez que je ne suis pas le premier confronté au problème.

Bon petit déjeuner quand même.

Rangement des affaires, remplissage des bidons, et c’est parti. Avec du vent dans la figure, encore pire que les jours précédents, et encore moins d’arbres.

Wachow : camion de pompiers de l’ex-RDA

Juste après avoir quitté Wachow, je traverse un champ d’éoliennes. Je commence à les compter, mais je perds le fil vers soixante-quinze. À vu de nez, il y en a au moins une centaine.

Éoliennes
Éoliennes

En général, quand il y a autant de moulins, c’est que le vent est gratuit. Et si on se trouve sur un vélo, on va en baver. Et donc, j’en bave et ma moyenne fait bien la tronche.

La cousine d’Iron Man se présentant aux élections

Après seulement une vingtaine de kilomètres, c’est les débuts de la zone urbaine berlinoise : je passe dans une zone commerciale. Encore des restes de la RDA : un magasin porte un nom qui n’est rien de moins qu’une allusion directe à Brejnev.

Magasin brejnevien

Ensuite, après quelques détours pour éviter des bretelles d’autoroutes, me voilà sur plusieurs dizaines de kilomètres en ligne droite, direction la capitale, jusqu’à finalement arriver à l’entrée de la ville.

Le long de l’autoroute
Entrée dans Berlin

Et la ligne droite continue, interminablement.

Je retrouve un méandre de la Haver

Peu avant le quartier de Charlottenburg, je commence à voir des monuments comme la Colonne de la Victoire et la Porte de Brandebourg.

Au loin, la Colonne de la Victoire

La Tour de la Victoire (Siegersäule) commémore les campagnes prussiennes de 1864, 1866, et 1870 contre le Danemark, l’Autriche et la France.

Colonne de la Victoire

Encore quelques kilomètres et j’arrive à la Porte de Brandebourg, symbole important de Berlin. Construite à la fin du XVIIIème siècle, elle a été endommagée pendant la seconde guerre mondiale, puis rénovée, et enfin s’est retrouvée au milieu du no man’s land du Mur.

Porte de Brandebourg
La Porte en 1961, juste après la construction du Mur

Fait important : c’est à la Porte de Brandebourg que s’arrête le vent de face ininterrompu que j’ai eu depuis Hambourg. Ouais bin c’est pas trop tôt.

Puis je file au Reichstag, siège du parlement allemand.

Reichstag

Ensuite, je retourne à la Porte de Brandebourg et je continue encore tout droit sur l’avenue Unter den Linden, direction Alexanderplatz. Située au centre de Berlin-Est, il s’agissait de la vitrine de l’architecture socialiste. Assez moche, donc. Aujourd’hui ça ressemble à un temple de la consommation avec toutes sortes de magasins.

Tour de la télévision
Alexanderplatz

À Alexanderplatz, j’ai la surprise de voir Michael Jackson se produire.

Incroyables les progrès de la chirurgie esthétique, puisque bien qu’étant décédé depuis quinze ans, Michael a l’air en forme.

À moins que les complotistes aient raison, il n’est tout simplement pas mort et on verrait alors Elvis Presley faire la manche dans le métro de New-York. Ou encore Lady Di s’envoyer une tarte aux mûres quelque part à Paris et Xavier Dupond de Ligonnès prendre du bon temps en terrasse.

En tout cas, il a l’humilité de se produire sous un pseudonyme, puisqu’il termine sa prestation en disant “my name is Emiliano, I come from Italy”.

Je continue mon tour en allant voir le mur au bord de la Spree, la rivière qui traverse Berlin.

Mur ; les portraits sont ceux d’otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza
Mur de Berlin

De l’autre côté, d’autres graffitis, dont un célèbre, Brejnev et Honecker en train de se rouler une galoche.

Après le mur, je rejoins mon ami Nicolas sur son lieu de travail ; il me fait visiter, puis part chercher son fils à l’école. Je termine à vélo pour les rejoindre chez eux, en passant par Checkpoint Charlie et l’Église du Souvenir, un peu plus loin.

Checkpoint Charlie était l’un des postes de contrôle entre les zones occidentale et orientale de la ville.

Checkpoint Charlie

Juste à côté, je tombe sur une photo montrant Ronald Reagan à Checkpoint Charlie en 1982, en compagnie de Helmut Schmidt et Richard von Weizsacker (respectivement chancelier et président de la RFA à l’époque). La photo se trouve à côté d’un KFC, comme pour bien nous rappeler que la guerre froide est terminée.

Reagan à Berlin
Une blague de Reagan sur la RDA

Je continue mon chemin direction la maison des amis.

Potsdamer Platz
Tristesse : les plus insipides des fromages hollandais et leur absence de goût portée au niveau de concept ont colonisé Berlin
L’Église du Souvenir à Kurfürstendamm en grande partie détruite durant les bombardements de la ville en 1943

Encore quelques kilomètres et j’arrive chez mes amis.

Leur fils, qui a l’âge de Grogu, se livre à son activité favorite : frotter mon crâne avec sa main pour, dit-il, “l’effet picot” de mes cheveux coupés ras. Sa sœur, un peu plus âgée, va courir car elle prépare un 5K.

Douche, dîner, papotage : la soirée passe vite. Nicolas m’explique ce qui est derrière, au moins en partie, le succès de l’AfD.

D’abord, le travail de mémoire sur le régime nazi. Mon ami Florian, qui a grandi à l’Ouest, m’a expliqué qu’à l’école il a durant des années entendu parler de la République de Weimar et du IIIème Reich. À l’Est rien de tel, d’après Nicolas ça s’est résumé à “nazis = ouest = méchants”.

Raccourci pratique mais qui occulte certaines leçons.

Ensuite, le sentiment de déclassement : le legs de la RDA et les habitudes de vie des habitants ont été globalement bazardés. Non pas, évidemment, que la RDA ait été un régime enviable, mais l’Allemagne de l’Est a été davantage phagocytée que réunifiée avec l’Ouest.

Nicolas me cite par example le Château de Berlin, endommagé pendant la guerre, et remplacé ensuite par le Palais de la République, comprenant une maison de la culture.

Après la réunification, le palais est fermé pour cause d’amiante, puis détruit ; le Château de Berlin est alors reconstruit, alors que la majorité des anciens Allemands de l’Est demandaient à ce que le lieu, faisant partie du patrimoine de Berlin, continue à être utilisé comme lieu culturel.

Bref. C’est compliqué et les solutions faciles n’existent pas.


Le lendemain, retour en train.

Gare du Stade Olympique de Berlin

Dans l’intercity Berlin-Amsterdam, j’entends un monsieur parler français. Il se lance dans une grande analyse politique à propos du premier ministre fraîchement nommé, “Jean-Michel Bernier”.

Ça me donnerait bien envie de repartir pour un autre voyage, moi.

En attendant, je vais retrouver la maison, Grogu, et Bo-Katan.


Crédits:


Bilan de la journée et du voyage :

  • Distance : 74,78km (cumulée 385,28km)
  • Temps de pédalage : 4h22 (cumulé 19h20)
  • Dénivelée: 285m (cumulée 770m)

There in the vault of heaven
While trying to titrate
I ended up in another case

I went to 7-Eleven
To try and get me straight
I ended up there in outer space

There in the vault of heaven
Trying to titrate
I ended up in some dire straits
And that’s okay

5 commentaires sur « Vault of Heaven : de Wachow à Berlin »

  1. Belle arrivée à Berlin ! Ce doit être passionnant de découvrir cette ville chargée d’histoire à vélo ! Merci de nous avoir fait partager tous ces témoignages historiques et de nous donner quelques explications sur l’opposition est/ ouest dans ce pays.

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