Dream Again : de Bleckede à Wittenberge

Au programme, grosse journée. Et encore de l’Elbe.


Mardi 3 septembre : Berlin est à 189km à vol d’oiseau.

Ma cousine me fait remarquer que j’ai commencé mon voyage le jour même de la rentrée scolaire : c’est vrai que pendant que je pédale en pleine nature, Grogu et tous ses cousins sont à l’école 🤣🤣🤣

Je prends un petit déjeuner bien frugal au logement, puis au centre du village j’achète une nouvelle chambre à air. Et j’en profite pour prendre un petit déjeuner un peu plus conséquent à la boulangerie située juste en face.

Vue depuis le petit déjeuner

Je retourne prendre le ferry pour retrouver mon chemin, sur l’autre rive de l’Elbe.

Sur le ferry

Là j’en ai pour plus de deux heures de digue. J’en profite pour mettre des kilomètres au compteur en écoutant de la musique.

Encore des fleurs pour Bo-Katan

La légende du cyclisme longue distance Mark Beaumont (il a fait le tour du monde en 78 jours à raison de 390km quotidiens en moyenne) explique que si on veut rouler loin, la vitesse, la VO2max et tout le tintouin, on s’en tape. Le secret c’est de ne pas lambiner.

Et donc je ne lambine pas. Je suis descendu du ferry à 9h50, et à midi j’ai déjà fait 45km. Pas mal.

Le long de la digue
Depuis la digue
When a short person waves at you, it’s called a microwave
Hélas, l’éleveur de moutons tire de sa laine une maigre pitance
Alors ça si vous savez ce que c’est dites-le moi

À Rüterberg, je fais le plein des bidons au cimetière. Ensuite, j’ai une grosse partie dans la forêt, et c’est bien sympa de rouler à l’ombre parce que ça cogne.

Chemin en forêt

Dans la forêt, je croise une dame en voyage à vélo comme moi. Elle m’explique pourquoi la nature est omniprésente par ici : c’était la frontière RDA/RFA, qui suivait l’Elbe. Il y avait côté RDA une zone interdite où seuls les militaires et quelques personnes habilitées avaient le droit d’aller. Autrement c’était vide.

Après la chute du Mur, cette zone est restée en l’état, et la plupart est devenue un parc naturel. La dame m’explique qu’elle a grandi à l’ouest ; elle avait des oncles et tantes à l’est, elle pouvait aller les voir mais l’inverse était interdit.

Le Mur de Berlin est tombé l’année où j’ai commencé à apprendre l’allemand. On ne se rendait pas bien compte de ce que ça représentait mais je me souviens que ça avait l’air d’être un événement important.

Sur ce sujet vous pouvez écouter Le ballon de la liberté des Odyssées, l’excellent podcast pour enfants de France Inter.

À Dömitz, je change de rive. Fini les arbres, ça cogne.

Pont sur l’Elbe

Un peu plus loin se trouve le pont ferroviaire de Dömitz. Construit entre 1870 et 1873, il a été détruit en 1945 lors d’un bombardement allié. La partie manquante a été démolie par le gouvernement de la RDA et le reste a été préservé par l’Allemagne de l’Ouest.

Pont de Dömitz

En 2023, la partie restante a été restaurée sous forme de skywalk, c’est à dire qu’une passerelle a été installée et on peut se promener à pied sur le pont.

Je continue le long de l’Elbe, en profitant de l’ombre offerte par de petits bouts de forêt ça et là.

Forêt

Je passe alors définitivement sur la rive droite du fleuve, avec une nouvelle traversée en bac. Il fait une chaleur à crever et je plains le motard qui se trouve là : il doit cuire sous son casque et sa veste.

Traversée

Ensuite, c’est de la digue, encore de la digue, jusqu’à Wittenberge. J’ai fait tellement de digue aujourd’hui que j’ai l’impression d’avoir pédalé de Nantes à Montaigu.

Dans le village juste avant Wittenberge, je tombe sur une tour en béton qui ressemble vaguement à un mirador. Renseignements pris, il s’agit d’une tour d’observation de la RDA, dont le but était de repérer les fuyards qui tentaient de quitter le bloc de l’Est. Ce n’est pas la première fois que j’en vois : il y en a tout le long de l’ex-frontière.

Tour d’observation

Je termine la journée sur une poignée de méandres du fleuve. C’est joli et tranquille.

Ce soir, à Wittenberge, je dors à nouveau dans un petit studio. Il en y a d’autres, aménagés dans la remise d’une ancienne fabrique de miel. C’est spacieux, récent et confortable ; à quelques minutes à pied il y a une pizzeria et un supermarché pour le pique-nique et le petit déjeuner du lendemain : pas besoin de plus.

Pizza du soir

Sur le parking du supermarché, il y a une vieille voiture du constructeur soviétique ИЖ (prononcez “izh”).

Sur le hayon il est écrit “COMBI”

Cette voiture a une variante, le modèle sport : c’est quand le conducteur porte des baskets.

En attendant c’est peut-être le véhicule d’un nostalgique ? Ça me rappelle la chanson “Mon père était tellement de gauche” des Fatals Picards : “Mon père était tellement de gauche que quand est tombé l’mur de Berlin / Il est parti chez Casto’ pour acheter des parpaings


Crédits :

  • Microwave joke sent by Bo-Katan

Bilan de la journée:

  • Distance : 108,48km (cumulée 196,92km)
  • Temps de pédalage : 5h14 (cumulé 9h27)
  • Dénivelée: 250m (cumulée 484m)

Don’t be afraid if you hear voices
Or feel the sweet air spoken upon you
Sometimes the sound of a thousand whispering words
Of hope will reassure, show me the future

3 commentaires sur « Dream Again : de Bleckede à Wittenberge »

  1. Les études scientifiques amènent des conclusions , faciles à intégrer et de portée très générale : « Le secret c’est de ne pas lambiner ».

    Que j’amménage volontiers, à ma sauce : « quand c’est possible »!

    J’aime

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