The Unforgiven : un chapelet de cols.

En ce jour de l’Assomption, prenons notre chapelet et grimpons ces cols l’un après l’autre, dans la joie et l’allégresse.


Rien de religieux dans tout cela bien sûr, d’ailleurs mettons directement les choses au point sur ce sujet.

Merci Pierre.

Mais venons-en à l’objet du présent article.

Il y a quelques mois, mon cousin et moi-même avons eu l’idée de faire le tour de la Vanoise à vélo, sur deux jours : col de la Madeleine, remontée de la Maurienne, nuit vers Valcenis, col de l’Iseran et retour par la Tarentaise.

Si vous l’ignoriez, il existe une rivalité ancestrale entre les vallées de la Tarentaise (où coule l’Isère) et de la Maurienne (où coule l’Arc, lequel est un affluent de l’Isère).

La rivalité Tarentaise/Maurienne, c’est comme celle de New York et du New Jersey. Dans le New Jersey ils ont Bruce Springsteen et Philip Roth ; en Maurienne ils ont Damien Saez et…. ils ont Damien Saez (soyons fair-play : dans le New Jersey ils ont aussi Bon Jovi).

L’ennui avec le col de l’Iseran (2764m d’altitude), c’est qu’on ne peut pas y aller s’il fait moche. À une banale pluie dans la vallée peut correspondre une tempête de neige là-haut.

Or là le temps se montrait suffisamment incertain pour envisager un plan B ; en l’occurrence, en partant d’Ugine, trois cols des Aravis puis celui de Tamié, dans les Bauges.

Donc.

Rendez-vous à Ugine à 8:30, et départ cinq minutes plus tard. On attaque par la route des Gorges de l’Arly.

Val d’Arly

C’est une petite vallée très encaissée avec juste la place pour la rivière et la route. Beaucoup de traces d’éboulements, pas étonnant que cette route soit régulièrement fermée.

Au bout de quelques kilomètres, on passe un pont sur un torrent qui s’appelle Le Fion.

Je ne mens pas

Vous allez au resto à Crest-Volland ou Flumet, et le patron vous propose de la truite fraîchement pêchée dans le Fion. Bon ben là vous vous rappelez subitement que ça fait environ cinq secondes que vous êtes allergique au poisson.

En plus on passe pas loin d’une station qui s’appelle Merde à Scier ou Merde Acier ou Merdassier, je ne sais plus. Sympa le coin.

En tout cas c’est vraiment beau

À Flumet — une petite station — on tourne à gauche pour prendre la route du Col des Aravis, le premier de la journée. La route est très très chouette.

Au-dessus de Flumet

C’est quand même très passant. On est le 15 août et le col est un lieu touristique.

Village de La Giettaz

Au-dessus de La Giettaz, les lacets se resserrent et on aperçoit le Mont Blanc.

Au fond, le Mont Blanc

Mon cousin, meilleur cycliste que moi, part devant pour finir le col et redescend un peu plus tard pour m’accompagner sur la fin. Beaucoup, beaucoup de monde à ce col. Vélos, motos, voitures. Des randonneurs un peu partout sur les chemins aux alentours.

Nous voilà avec 1000m de dénivelée dans les pattes. Pause photo et remplissage des bidons dans un bar au personnel super sympa, celui juste à côté de la chapelle (cher cousin, n’oublie pas de mettre un bon avis sur internet comme le monsieur a demandé).

Notez comme c’est blindé de monde
Début de la descente

La descente est assez brève, puisque le col de la Croix-Fry nous attend ; on ne va même pas jusqu’à La Clusaz.

Puis c’est une ascension, de nouveau ; plus raide mais plus courte, à peine 200m. Dans la montée, j’écoute la chanson The Unforgiven de Metallica, sur le live à Amsterdam en avril 2023 (j’y assistais en compagnie de Grogu ce soir-là).

Photobombing par une abeille

Finalement, c’est l’arrivée au deuxième col de la journée.

Col

Mon cousin va rendre visite à un de ses clients qui tient un magasin à cet endroit. Celui-ci nous conseille un bon resto dans le coin, mais ça nous fait faire un détour : on se replie donc sur le premier établissement à notre portée.

Ça s’appelle Les Sapins et à l’occasion d’un aller-retour aux toilettes, mon regard a été attiré par un plateau de fromages qui a l’air assez sympa. Je dis ça je dis rien.

En attendant la commande, je reçois un bref coup de fil de Bo-Katan qui m’encourage gentiment. Pour l’instant on a les pieds sous la table : on devrait s’en sortir.

Deux plats du jour, de la noix de veau avec des galettes de pomme de terre et des légumes, arrivent assez rapidement. Mon cousin a opté pour “moins de légumes et plus de patates”, mais nos assiettes sont en réalité identiques.

Requête de cycliste
Plat du jour standard

Mon cousin me dit “mais ! Je vais être malade avec tous ces légumes ! Et j’ai pas eu mon rab de patates !”

Il tient néanmoins à ce que j’informe sa mère qu’il a bien mangé tous ses légumes. Dont acte, je confirme. Par contre il préfère taire le fait que des fois il fait du vélo sans les mains.

Pour la fin, mon cousin prend un café avec ce qui m’est apparu comme du Toblerone au chocolat noir ; pour ma part je prends une “tartelette aux myrtilles déstructurée”.

Ça déstructure sévère.
Autre exemple de déstructuration

Fin du repas (je me suis fait inviter), remplissage des bidons et départ parce qu’on a encore un bout de route ; le début de la descente est le plus beau panorama de la journée, avec des paysages bien bucoliques et l’envers de la Tournette (c’est la montagne qui domine le lac d’Annecy).

Vallée de Manigod et Tournette

Une fois qu’on a rejoint la vallée du Fier (ça sonne mieux que le Fion, convenez-en), on attaque le troisième col de la journée, celui du Marais. C’est le plus facile, une pente assez douce et pas de virages en épingle. Ça ressemble souvent à du faux-plat montant.

Col du Marais

Ensuite, une petite descente vers Faverges. C’est très campagnard comme décor.

Au loin, les Bauges

Enfin, c’est le fond de la vallée. On traverse St-Férréol et Faverges, puis c’est la montée au col de Tamié.

Montée à Tamié

Le début est assez raide, mais ça se calme assez vite avec plus du tout de lacets jusqu’au sommet, et beaucoup de forêt.

Route du col de Tamié

Notez que j’ai déjà fait le col de Tamié il y a deux ans lors de mon tour des Bauges (celui-là même qui m’incite à bannir la glace quand je suis sur le vélo et qu’il fait chaud), mais j’avais fait la montée depuis Albertville.

À cinq kilomètres sous le col, mon cousin me dit “bon, mon directeur sportif me dit dans l’oreillette qu’il faut que j’attaque maintenant donc j’y vais”. Son directeur sportif c’est Marc Madiot.

France TV a filmé Marc Madiot qui encourage mon cousin.

Commentaire de Grogu au visionnage de cette vidéo : “non mais il est zinzin celui-là !”

Pendant ce temps, Bo-Katan apparaît sur le bord de la route pour m’encourager aussi. Je préfère ses encouragements à ceux de Marc Madiot.

Derniers kilomètres, sous quelques gouttes… mais ça s’arrête là, au-dessus du col je vois les nuages se déchirer et se dissiper.

Dernier col

Au col mon cousin m’informe que son attaque a été fructueuse, il a pris le maillot jaune et le maillot à pois, mais pas le maillot vert car il n’aime pas trop les légumes.

Commence alors la descente, c’est très différent de la montée : beaucoup plus raide avec de nombreux lacets. D’ailleurs attention aux lacets, s’ils sont défaits on risque de tomber.

Vallée de l’Isère avec en fond le massif du Grand Arc

Dernière pause remplissage de bidons au cimetière de Plancherine.

Fin de la descente, traversée de Gilly-sur-Isère puis d’Albertville.

On penche pour une petite pause en fin de parcours, mais c’est le 15 août et la ville est vide, tout est fermé. Tant pis.

Troupeau de motos sur fond de Dôme Théâtre

Fin de la traversée d’Albertville, on rejoint la piste cyclable puis la route qui longe la nationale jusqu’à Ugine.

Fin de la journée

On repart chacun de notre côté, avec l’idée de refaire un autre parcours l’année prochaine.

Je rentre chez mes parents, l’estomac dans les talons. Au repas du soir, je suis attablé avec mes parents, ma sœur, son mari, et tous les gosses de la famille.

À l’évocation du parcours de la journée, mon beau-frère me dit “mais pourquoi tu fais du vélo comme ça ? Si t’as un problème d’essence, je peux te dépanner de cinquante balles, tu sais”

C’est vrai ça, pourquoi faire du vélo ?

Pour le goût de l’effort, sans doute. Pour les paysages, forcément. Pour le moment présent, car un col se gravit un coup de pédale après l’autre, et si possible en laissant l’ego sur le bord de la route.

Et puis aussi pour entendre James Hetfield dire “forgive yourselves, my friends” au public de l’Amsterdam Arena, le 29 avril 2023.


Bilan de la journée:

  • Distance : 95,80km
  • Temps de pédalage : 6h03
  • Dénivelée: 2036m

Crédits :

  • Pierre Desproges : compte Instagram complots faciles
  • Le gif “100 patates” opportunément posté par le frère de mon cousin sur le groupe WhatsApp de la famille, en rapport avec cette histoire de rab de patates

New blood joins this Earth
And quickly he’s subdued
Through constant pained disgrace
The young boy learns their rules

With time the child draws in
This whipping boy done wrong
Deprived of all his thoughts
The young man struggles on and on, he’s known

Ooh, a vow unto his own
That never from this day
His will they’ll take away

[…]

They dedicate their lives
To running all of his
He tries to please them all
This bitter man he is

Throughout his life the same
He’s battled constantly
This fight he cannot win
A tired man they see no longer cares

The old man then prepares
To die regretfully
That old man here is me

What I’ve felt, what I’ve known
Never shined through in what I’ve shown
Never be, never see
Won’t see what might have been

What I’ve felt, what I’ve known
Never shined through in what I’ve shown
Never free, never me
So I dub thee unforgiven

7 commentaires sur « The Unforgiven : un chapelet de cols. »

  1. Bravo Manu!!!

    Je viens de voir que tu étais en France, j’espère qu’on arrivera à se voir cette fois-ci ou la prochaine. Mais surtout tu as l’air d’aller bien c’est l’essentiel! Gros bisous

    J’aime

  2. Et bien, très joli tout ça!

    Mais tellement d’efforts pour perdre 50 gr et finalement en remanger 100 – déstructurée ou pas tartelette restera – … pas très logique tout ça :-).

    Bonne suite & rentrée malgré tout :-))

    A+

    J’aime

  3. Quatre cols, l’appareil photo en permanence en alerte, l’humour toujours aussi aiguisée, tu es vraiment un GRAND selon Marc Madiot. Encore bravo à ton cousin et à toi pour ce nouvel épisode.

    J’aime

Répondre à Talya Geffen Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *