Animal : de Hengelo à Tecklenburg

Chic ! Un nouveau voyage ! Mais où va-t-on ?


Lundi matin, me voilà parti. J’ai passé la journée de la veille à faire de la lessive après la semaine en Autriche, à ranger un peu la maison, et accessoirement à écrire le post précédent.

En prévision du premier jour sur le vélo, j’ai aussi mangé une assiette de pâtes au pesto de pistaches, c’était super bon.

Mmmmmh

Le train m’emmène depuis La Haye direction Zwolle ; à Amsterdam-Zuid (quartier d’affaires d’Amsterdam, où travaille Bo-Katan), le wagon se vide, il ne reste alors qu’une poignée de voyageurs, dont deux pochtrons qui dorment affalés sur leurs sièges.

Vélo dans le train
Vol DL134 en provenance de Detroit
Amsterdam Zuid

À Zwolle, je change de train pour aller à Hengelo. Deux trois machins au Albert Heijn de la gare, et c’est parti : premier jour, premier kilomètre.

Dans cinq jours, je serai à Hambourg, puisque c’est là qu’on va.

Hengelo

En traversant la ville, je passe dans un quartier où se trouve une rue Diogène. La plaque indique “personnage grec connu”, ce qui est un peu succinct, vous en conviendrez.

Cependant le reste du quartier est à l’avenant puisqu’il y a une rue Einstein : “moustachu qui tire la langue”, une rue Gandhi : “petit vieux emballé dans une housse de couette” et une rue Armstrong : “trompettiste qui a également marché sur la lune”.

Et rapidement, c’est la campagne de la province d’Overijssel.

Campagne d’Overijssel
Beaucoup de champs, en particulier du maïs

Je passe à proximité d’un aéroport désaffecté. C’est un peu étrange comme endroit, il n’y a que quelques avions. J’apprendrai plus tard que le lieu est utilisé pour le stockage et la mise au rebut d’avions, mais en attendant ça fait un peu “aérodrome Pablo Escobar — transport de fret particulier”.

Aéroport en friche

J’arrive à un village qui s’appelle Lutte, et il se trouve que c’est le dernier village avant la frontière. La Lutte Finale, en quelque sorte.

Lutte

En parlant de ça, un jour j’étais dans un restaurant avec Grogu et il mangeait de la soupe de tomate avec des croûtons. Il regarde sa soupe. Me regarde. Regarde sa soupe. Me regarde et dit “devinette : qu’est-ce qui est rouge avec des croûtons dedans ?”. J’ai failli répondre le siège du Parti Communiste, mais je pense qu’il n’aurait pas compris.

Bref. Je continue et j’arrive à la frontière allemande.

J’y suis accueilli avec les honneurs. Le chancelier allemand et le président français se sont déplacés pour l’occasion et font chacun un beau discours, sur fond de réception franco-allemande : bretzels et canapés à la truffe accompagnés de champagne millésimé et de bière blanche bavaroise grand cru.

Frontière allemande

Puis nous nous dirigeons vers un restaurant où nous attend une choucroute accompagnée d’un Riesling du Rheingau.

À la fin du repas, après une interview conduite par des journalistes d’Arte, nous nous entretenons des problèmes géopolitiques du moment et de la transition énergétique.

Alors que nous abordons le sujet des pistes cyclables, un lecteur du blog muni d’une adresse IP de la région parisienne parvient à s’introduire dans le texte du blog et à y insérer un “HIDALGO DÉMISSION !!!”. Il est immédiatement appréhendé par les services de sécurité français, jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron, lequel dissimule non sans peine un fou rire, leur dise “non c’est bon, laissez-le, il ne fait rien de mal”.

Quelques poignées de main plus tard, je reprends la route sur mon vélo. Olaf Scholtz remonte dans sa BMW. Emmanuel Macron repart lui aussi de son côté, et je me dis qu’une 2CV présidentielle, ça a de la gueule.

Forêt après la frontière

En Allemagne, il y a davantage de forêts, et je traverse, comme aux Pays-Bas, des petits villages. À Bad Bentheim, je m’achète deux petits sandwiches pour le déjeuner.

J’avoue être assez choqué par le comportement des nombreux néerlandais présents, qui parlent directement leur langue dans les magasins, sans s’essayer à l’allemand ou l’anglais.

Une dizaine de kilomètres plus loin, je me pose dans la forêt, au bord d’un petit lac, pour manger mes sandwiches. Le soleil commence à cogner et une pause à l’ombre est bienvenue.

Vue du lac

Puis c’est la ville de Rheine, assez jolie.

Théâtre de la ville de Rheine : « Celui qui découvre un beau sens dans les belles choses — celui-là a de la culture »

À la sortie de la ville, je rejoins le canal de Dortmund à l’Ems. L’Ems étant la rivière qui traverse Rheine et qui finit par se jeter dans la Mer du Nord au niveau de la frontière avec les Pays-Bas. C’est joli et calme.

C’est joli, mais pas pour longtemps. Une odeur pestilentielle provient du canal, lequel est couvert d’une mousse étrange.

Je sais ce que c’est, et c’est une bonne raison de ne pas rester là, car cela figure dans l’apostille à La couleur tombée du ciel de H.P. Lovecraft et intitulée L’odeur des abîmes.

“[…] une pestilence envahit soudainement l’air ambiant. Je ne savais que trop bien de quoi il s’agissait, reconnaissant dans cette infamie la description qui en était faite dans le Necronomicon, le livre de l’Arabe dément Abdul Al Hazred.
C’était une exhalaison organique qui ne pouvait cependant venir d’aucune forme de vie appartenant à ce monde. La manifestation d’une horreur indicible et impie se situant au-delà des mots, des images, des sons, touchant par sa nature à ce qu’il y a de plus primitif et animal en l’humain : l’odorat.
Un relent atroce et bouillonnant, exhalant son fiel, après une stagnation de millions d’années dans des gouffres sacrilèges, dont nous devrions rester le plus loin possible.
Cette puanteur, c’était la confirmation que nous, pauvres êtres de chair et de sang, ne sommes que quantité négligeable dans l’univers dominé par les Grands Anciens. […]”

Ça pue

Je m’éloigne en quittant les rives du canal, et me revoilà au milieu des champs, avec un petit canal et des canards.

Champ
Le saviez-vous ? Les canards femelles ne boivent pas de bière, et les canards mâles boivent du vin.

La fin de la journée approche ; à Ibbenbüren, il me reste une dizaine de kilomètres, mais je suis ralenti par une fête foraine.

Ibbenbüren
Qu’est ce que c’est que cette foire ?
Mon Grogu ! Qu’ont-ils fait à mon Grogu ?

La fin est pénible : ça monte, je manque d’entraînement et j’ai près de quatre-vingt-dix kilomètres en plein cagnard dans les pattes.

Enfin, arrivée à l’hôtel à Tecklenburg. Tranquille et équipé d’une piscine remplie d’enfants qui s’amusent en piaillant. Je reprends mes habitudes : lessive, douche, quelques coups de téléphone et dîner.

Pistoche
Activité du soir

Bilan de la journée:

  • Distance : 91,74km
  • Temps de pédalage : 4h34
  • Dénivelée : 393m

Notez que cette chanson peut être entendue dans la série The Bear, que je ne saurais trop vous recommander

One, two, three, four, five against one
Five, five, five against one
Said one, two, three, four, five against one
Five, five, five, five, five against one

5 commentaires sur « Animal : de Hengelo à Tecklenburg »

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