Ce matin, une rencontre inattendue.
Après le petit déjeuner, on commence l’échauffement par un petit col tranquillou, le col du Pendu.

Depuis le col de La Croix de Bauzon hier, le décor change : on abandonne les petites vallées bien encaissées et rocailleuses pour des bosses plus douces avec des prés et des sapins, ça sent le Massif Central.

Alors que Maryse, Bernard, Dominique et moi racontons des conneries (on commence à bien s’entendre), arrive une jeune randonneuse peu avare de paroles, avec son gros sac à dos.
Elle raconte qu’elle fait le chemin des Huguenots mais à l’envers, de Heidelberg à Saint-Jean-du-Gard (amusant d’ailleurs, car dans la montée du col, j’écoutais le podcast d’Hervé Pauchon sur le chemin de Stevenson, avec son ânesse, et l’épisode en cours est celui de l’arrivée à St-Jean-du-Gard).
Coline (c’est son nom) explique qu’elle fait cette marche car elle est protestante, et elle parcourt “le chemin de l’exil, mais dans l’autre sens, jusqu’au départ” ; elle dit également “marcher pour l’unité des Chrétiens”. À Saint-Jean-du-Gard eut lieu une forte résistance protestante après la révocation de l’Édit de Nantes.

Je ne suis pas sûr que les Chrétiens soient unis après son périple, mais je l’imagine arriver à son but, se retourner sur le chemin parcouru, et se dire qu’elle l’a fait, que personne ne pourra le lui enlever.
Je l’imagine voir en celui qui va à l’église un parent éloigné, un ami, un voisin, plutôt que le descendant des instigateurs de la Saint-Barthélémy.
L’unité des Chrétiens existera dans son cœur et ce sera le plus important : Gandhi ne disait-il pas “sois le changement que tu veux voir dans le monde” ?
De mon côté, après avoir laissé Coline à son pèlerinage, je continue avec ma route et mon épisode d’Hervé Pauchon avec son ânesse. Parfois, j’entends les bruits de la nature, le souffle du vent, les cloches au cou des animaux et je ne sais pas si ça vient du podcast ou de ce qu’il y a autour de moi. Je vais finir par baptiser mon vélo Modestine.

La route se poursuit sur un chemin un peu plus tranquille que les autres jours (comprenez : un peu moins casse-pattes), entre vallées et cols à la pelle.




À Mazan se trouve une ancienne abbaye qui a été décorée de motifs dorés. Si on se trouve à un point particulier du village, des cercles apparaissent.

À midi, on aperçoit le lac d’Issarlès. Dominique, qui connaît bien le coin, explique qu’il s’agit d’un lac de cratère, reliquat de l’activité volcanique de la région. C’est un lieu touristique et il est déjà venu y manger une glace avec ses petits-enfants.
C’est là qu’on retrouve Damien pour le pique-nique, avec un excellent taboulé et une salade thon-avocat-concombre.

Après la pause, au bout de quelques lacets, Maryse demande à Dominique de vérifier si sa roue arrière n’est pas dégonflée. Pas de problème sur la roue arrière, en revanche le pneu avant est à plat.
Bernard prend de l’avance, on le retrouvera plus tard, en attendant on s’affaire sur la roue avant du vélo de Maryse, que j’inonde de sang (la roue, pas Maryse) après m’être pincé le doigt entre la jante et le pneu.

Contrairement aux averses prévues par la météo, on prend à peine quelques gouttes, et c’est tranquillement qu’on poursuit le chemin qui mène au Mont Gerbier de Jonc. C’est très très beau et différent des jours précédents, avec des pentes douces, des sapins, des vaches. Et un col.


Le Mont Gerbier de Jonc finit par se montrer, et avec lui, la Loire.

Eh oui, le Gerbier de Jonc — bien que situé en Ardèche — marque l’emplacement de la source de la Loire.

J’ai écrit “la source de la Loire”, mais il semble qu’il y en ait plusieurs. En effet, au col, un panneau indique “Source véritable de la Loire”.

À mon avis, comme l’endroit est touristique, il ne devrait pas y avoir besoin de beaucoup chercher pour trouver, outre la source véritable, une source authentique, une source historique, une source exacte, une source véridique, une source incontestable, et probablement une source la vraie c’est chez moi et une source écoutez pas le voisin il est rond comme une barrique.
Il y a comme un petit marché, j’achète donc un pot de miel à une apicultrice sympa. Puis c’est une route de crête qui mène direction Les Estables. Il reste une dizaine de kilomètres.




Pas très grand les Estables, je trouve rapidement l’auberge. Elle ne manque pas de cachet. Ni de spécialités locales, d’ailleurs.

Le soir au repas, c’est menu unique : frites et entrecôte pour tout le monde. Dès que je peux, je chiperai une pomme pour avoir ma dose de fibres.
Bilan de la journée:
- Distance : 75,64km (cumulée 213,39km)
- Temps de pédalage : 4h37 (cumulé 13h34)
- Dénivelée : 1364m (cumulée 3991m)
I am the river that flows through my veins
I am the black crow, I’m wings of change
I am the rock that the rain couldn’t conquer
I’m above, I’m below, I am hell and high water
I’ve been the song carried in on the breeze
I’ve wept with willows and I’ve fell with the leaves
I am the badlands and the silence it holds
A warrior who walks but is never alone
There’s a black and a white wolf in me
And I live and I die
By which one I feed
It’s a war old as time, this fighting inside
And I live and I die
By which one I feed
Voilà un itinéraire qui semble bien sympathique. Ces paysages du massif central sont très beaux.
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Que serait un voyage à vélo sans taboulé ?
Mais la source de la Loire était elle une source sûre ??
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Les paysages du jour me font penser à ceux qu’on a découverts en parcourant le chemin de Stevenson. La rencontre avec la jeune Coline est inattendue, mais cette région et et les chemins qui la traversent ont du sens pour les protestants qui y retrouvent les traces des combats menés par leurs ancêtres.
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