Sean Penn, Mitchum : de Laviolle à Borne

Jour deux : récupération magique. Ou pas.


Suite à un achat sur internet pour un cadeau, je me suis retrouvé, comme c’est souvent le cas, abonné à une newsletter dont je me fiche a priori totalement.

Au premier mail, mon réflexe initial a été de chercher le lien pour me désabonner, mais finalement le contenu de cette newsletter m’est apparu tellement intéressant que ça aurait été dommage que vous n’en profitiez pas vous aussi.

Or, le dernier des messages que j’ai reçu est tout à fait à propos ici, puisque qu’il m’a fait découvrir une une astuce qui m’aurait permis, hier, d’aller jusqu’au bout de l’étape.

Un crayon anti-fatigue et beauté : c’est pas magique ça ?

Vous arrivez au pied du col, vous ressemblez à Jabba le Hutt avec des cernes, vous n’avez plus de jambes (Jabba lui non plus n’a pas de jambes). Un petit coup de crayon, et hop ! Vous grimpez votre col fastoche comme Richard Virenque à la grande époque (toujours détenteur du record de l’ascension du col de la Madeleine depuis La Chambre, avec les 19km à 8% parcourus en 56 minutes).

Et à l’arrivée au sommet, comme vous avez utilisé LA technique des stars, vous ressemblez à George Clooney ou Natalie Portman dans une pub pour Dior, avec votre regard éclatant et votre texture couvrante (parce que ça doit aussi remplacer la crème solaire) et satinée.

Enfin, comme le crayon “permet d’éclaircir les muqueuses parfois rouges”, son application à l’emplacement idoine soulagera vos fesses irritées après ces heures de selle.


Malheureusement, pas de crayon magique, donc pas de fin d’étape, et de bonnes courbatures : je n’ai pas mis longtemps à m’endormir hier soir, sans doute comme le reste du groupe.

On a bien mangé, de la soupe de potiron et du poisson. J’ai partagé ma chambre avec Dominique D. (ce sera le cas pour tout le voyage), excellent cycliste d’après ce que j’ai compris, et coturne très sympa.

L’hôtel au réveil

L’hôtel est situé dans la descente du dernier col de la veille. Au départ, on continue à descendre, en direction d’Antraigues-sur-Volane, village où Jean Ferrat a vécu pendant plus de quarante ans jusqu’à sa mort. D’ailleurs une moustache géante posée en hommage sur le pont à l’entrée du village manque de nous faire tomber.

C’est ensuite la montée au petit Col d’Aizas, suivi du Col de Juvinas. Je roule en compagnie de Maryse. Des changements de rythme, mais au même moment mes collègues de bureau sont en réunion d’équipe : je suis indéniablement mieux les fesses sur le vélo, à sentir mes muscles qui brûlent.

Maryse
Col d’Aizas

En montant au deuxième col, je mets un peu de musique pour trouver une bonne cadence. Alors que je traverse un hameau, la chanson de Pearl Jam que j’écoute s’arrête brutalement, laissant la place au Beau Danube Bleu de Strauss. Le Beau Danube Bleu certes, mais pas la version mystique et éthérée de 2001, l’Odyssée de l’espace ; non, là, les arrangements sont bien pompiers, on dirait la musique d’une publicité pour du jambon premier prix.

Un coup d’œil au panneau juste à côté me fournit l’explication.

Route d’André Rieu : tout s’explique.

La route du col est bordée de maisons à l’architecture provençale, avec des cyprès dans les jardins.

Deuxième col

La suite est une route bien vallonnée à travers de petits villages. Je roule toujours en compagnie de Maryse, Dominique et Bernard.

St-Pierre-de-Colombier
Vallée de l’Ardèche
Col de la Croix des Molières : quelle tartufferie

Au village de Fabras, au bord des gorges du Lignon, nous retrouvons Damien et les autres cyclistes du groupe. À partir de là, Maryse, Dominique C., Bernard et moi-même prendrons l’itinéraire niveau 1, les autres prendront le niveau 2, avec davantage de distance et de dénivelée.

Nous faisons donc une pause ravitaillement avant, pour nous niveau 1, les vingt kilomètres de la montée du Col de La Croix de Bauzon, et nous ferons le pique-nique à l’arrivée. Damien ira assurer la pitance de ceux du niveau 2 sur leur parcours.

Gorge du Lignon
Départ de la montée du col

Au hameau de La Souche, je passe devant une poterie.

Cet atelier a été baptisé ainsi car un jour, Zeus entendit parler d’un embouteillage monstre dans le village ardéchois. Hermès, divinité de la voirie, lui rapporta qu’un type nommé Prométhée et bourré à la Villageoise avait volé le feu du carrefour de l’Olympe, créant une pagaille sans nom dans le trafic routier.

Furieux, Zeus ordonna que le coupable fût enchaîné à un rocher avec un aigle qui lui dévore le foie, “histoire de lui faire passer le goût de la vinasse”. Quant à l’embouteillage, il se résorba de lui-même au bout de quelques siècles, à la suite de l’exode rural.

En souvenir, le potier, qui avait trouvé la punition un peu raide, décida de rendre hommage à Prométhée en baptisant son commerce de son nom.

En attendant, je continue avec Maryse, Dominique et Bernard, en direction du col. Dans mes oreilles, le live de Metallica à Amsterdam en avril dernier (celui où j’étais avec Grogu).

Montée au col de La Croix de Bauzon

Des orages sont prévus en fin d’après-midi. Pour l’instant, le soleil ne pique pas trop, mais le ciel se couvre assez rapidement. Dans mes écouteurs, je remarque que sur les trois refrains de la chanson Leper Messiah, le chanteur James Hetfield a changé “Time to kiss your life goodbye” en “Time to kiss your ass goodbye”.

Vers la vallée
Arrivée

Maryse a atteint le col avant moi ; nous restons là pour attendre Dominique et Bernard, mais aussi parce qu’il semble y avoir eu cafouillage sur le carnet de route : la trace GPX se termine dans un village alors que l’hébergement de ce soir se situe dans un autre.

Après l’arrivée de nos compères, et confirmation de la fin correcte de la journée, dans la petite station de Borne, nous parcourons le dernier kilomètre qui nous sépare de la douche et du pique-nique. On aura évité l’orage.

Nous sommes hébergés dans un bâtiment de colonie de vacances, c’est spartiate et un peu décati. Personnellement, quand je voyage à vélo, un lit et une douche me suffisent ; mais le repas du soir, amené par un traiteur, n’est franchement pas terrible.

Fabrice et moi discutons de chocolat (je rappelle que Fabrice est suisse). Puis rapidement, tout le monde file se coucher.

Peu de kilomètres aujourd’hui, à une allure de sénateur en pleine sieste, mais c’est ce qu’il me fallait pour récupérer de la veille.

Une prochaine fois, je partirai avec un crayon magique, et j’arriverai, vous vous en doutez, avec la sensation d’avoir jeté mon argent par la fenêtre.


Bilan de la journée :

  • Distance : 55,49km (cumulée 137,75km)
  • Temps de pédalage : 4h17 (cumulé 8h57)
  • Dénivelée : 1456m (2627m)

Crédits :

Richard Virenque et le col de la Madeleine

Sapé comme un prince
Au moment idéal
Fils, fonce, je file vers le bénéfice
Sans pouvoir ni province
Le moral inégal
Fils, fonce, je file vers le précipice
Ma quête d’identité
Dans ma tête difficile
De se détendre, de s’allonger
Ce qui brille prendra mes doigts
L’étoile du sud, la panthère rose, et cetera

Sapé comme un prince
Maverick dans mes rêves
L’exemple unique, Sean Penn, Mitchum

Que ma vie m’accorde une trêve
Que ma vie s’accorde
Que mes nuits débordent de rêves
Que ma vie s’accorde
Que ma vie m’accorde une trêve
Que ma vie s’accorde
Que mes nuits débordent de rêves
Que ma vie s’accorde

3 commentaires sur « Sean Penn, Mitchum : de Laviolle à Borne »

  1. De Jean Ferrat à André Rieu, en passant par Prométhée, l’étape a été animée !
    En toutcas, elle semble avoir été moins fatigante que celle de la veille et c’est tant mieux …

    J’aime

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