Bitter Taste: de Hilpotstein à Reichertshausen

La pluie. La dénivelée. Les kilomètres. La boue. Les fausses routes. Le bonheur.


C’est le matin

Faux départ : une averse commence pile au moment où je sors le vélo.

Je finis par partir, à la faveur d’une accalmie de courte durée. Et je traverse un village bien mal nommé aujourd’hui…

Bienvenue au soleil

Au bout de deux kilomètres, je m’abrite à l’entrée d’une scierie. Bientôt, la pluie devrait se calmer, mais ce n’est pas encore pour maintenant. Je continue, tout en m’abritant quand je peux pour attendre que ça diminue.

Pluie

À Thalmässig, je fais une pause chocolat chaud pour me réchauffer : j’ai fait à peine vingt kilomètres et mes chaussettes sont trempées.

Cependant, alors que je commence à suivre une rivière, la (le ?) Thalach, la pluie s’estompe, et au village suivant, Greding, le ciel bleu fait son apparition.

Un greding, c’est comme ça qu’on appelle un enfant pas sage en Corse

À Kipfenberg, c’est la fin de la route longeant la rivière. Il y a peu de villages d’ici à Ingolstadt, qui est pourtant encore loin : je m’attable donc à une pizzeria avec une Margherita bien bavarde et un Apfelschorle.

Pizzeria à Kipfenberg

Ensuite, c’est de la route de faux-plat montant en pleine forêt, avec peu de voitures. Magnifique. On dirait la route qui va de Rochefort à St-Hubert, en Belgique. Possesseurs de voitures, motos, camping-cars, prenez l’autoroute et laissez ces bijoux aux cyclistes 😈

Route dans la forêt

Je traverse une poignée de hameaux dont un renommé par son maire dyslexique en hommage au leader de Nirvana.

En vrai ça se prononce “croûte”

À proximité, il y a aussi le village de Stammham.

Peut-être quelque chose à voir avec l’acteur britannique Jason Stammham. Pour vous le représenter, c’est un chauve qui fait la tronche en permanence, les sourcils froncés, parlant avec une voix basse et rauque mais menaçante, comme s’il était constamment sur le point de vous péter la gueule (ne confondez pas avec le mec de l’émission “Top Chef”).

Il est fréquemment accompagné d’une nana qu’il protège et à laquelle il répète souvent “Hold on”. J’ai vu la bande-annonce de son dernier film, il y arrête avec le pied un requin gros comme un paquebot.

Bref. Je continue, sauf que la route est devenue bien plus passante. Comme sur ma carte la forêt est striée de chemins, j’en tente un et c’est bien amusant, même si je transforme mon vélo en tas de boue. Ça va aussi beaucoup moins vite, donc dès que possible, je retourne à la route, car il me reste un paquet de kilomètres.

Chemin forestier

Dernière ligne droite avant Ingolstadt : une longue descente au milieu des arbres. Quelques kilomètres de plat, et doucement je m’approche d’un gros bâtiment gris orné de quatre anneaux : c’est l’usine Audi. C’est gigantesque.

Audi Ingolstadt
En violet, mon itinéraire ; en bleu, l’usine Audi ; en rouge, ce qu’on voit sur la photo ci-dessus

Normalement, je devrais longer cette usine, mais la route est fermée à cause de travaux, et il n’y a aucune déviation indiquée. Je finis par traverser un champ de blé.

Déviation sauvage

Ingolstadt, à part Audi et le Danube, je n’ai rien vu : mon itinéraire contourne le centre-ville et comme l’heure avance, pas le temps de m’arrêter. Ça fait un peu comme Angers l’an dernier, sauf qu’à Angers je n’avais vu ni l’usine Audi ni le Danube.

Le Danube à Ingolstadt

Alors que je sors de la ville, il me reste encore presque quarante kilomètres. Quelques villages, puis je retrouve la campagne.

Qu’est-ce que c’est que ce cirque

Coup de chance, à Reichertshofen, un panneau de piste cyclable m’indique la direction de Pfaffenhofen, où je suis censé passer, à une distance plus faible que celle que prévoit mon itinéraire. Je décide donc de suivre ces panneaux, ça me mène à travers une forêt.

Juste devant moi, un chevreuil traverse le chemin, sans un son.

Forêt vers Pfaffenhofen

Après quelques kilomètres, les panneaux Pfaffenhofen disparaissent, je ne sais pas par où aller. Sur la carte, il y a bien des chemins forestiers plus ou moins en ligne droite, mais ça pourrait être de la piste bien practicable comme du chemin boueux où je serai peut-être obligé de pousser le vélo. Je décide donc de rejoindre mon itinéraire.

À partir de Pörnbach, il y a quantité de plantations de houblon. J’en avais déjà vu, mais jamais autant.

Eh oui, il en faut de la Pils pour remplir toutes ces vessies à l’Oktoberfest

À Rinnberg, le bled suivant, un panneau indique qu’en dehors de la rue principale, le service de la voirie est réduit lors de la période hivernale.

Ça me fait penser à Frank, le gardien de refuge de la Dent Parrachée en Vanoise, qui a pour habitude d’amuser ses clients avec des histoires abracadabrantes. Il raconte qu’une fois, en février, une dame l’appelle, inquiète, après d’importantes chutes de neige. Elle demande si le GR sera dégagé, parce que, dit-elle, elle a réservé une nuitée. Au mois d’août. Et donc, Frank de lui répondre “Vous inquiétez pas madame, ils y ont mis un coup de fraise, c’est nickel.”

Après Pfaffenhofen, je longe une route bordée de champs de maïs, et je finis à Reichertshausen, chez Christine, en airbnb.

Dernière ligne droite

Très gentille, Christine me dit que je vais dormir dans la chambre de sa fille qui est absente, parce qu’elle n’a pas eu le temps de faire la chambre d’amis qu’elle utilise normalement pour ses hôtes airbnb.

Je lui réponds qu’en voyage à vélo, un lit et une douche c’est amplement suffisant. Elle répond en rigolant que les voyageurs à vélo sont “sehr unkompliziert”.

Pour la soirée, un grand classique : une salade de pâtes du supermarché et des tomates cerise.


Bilan de la journée:

  • Distance : 108,60km (cumulée 478,55km)
  • Temps de pédalage : 5h51 (cumulé 24h27)
  • Dénivelée : 1357m (cumulée 3191m)

Jagged stain on my skin
Broken leg, born again
Wide glide, upside down
Twisted frame, my new crown

I’m gonna ride this bike till the break of day
Rolling through the garden like the fountain
Won’t take it away
I’m not gonna change
I’m gonna live so hard, these broken wings
Will lift me to the sun so I can burn
Up in the flames
Again and again

6 commentaires sur « Bitter Taste: de Hilpotstein à Reichertshausen »

  1. Je ne sais pas comment tu fais pour écrire tous ces noms de villes allemandes sans erreur. En même temps tu pourrais bien écrire n’importe quoi, on n’y verrait que du feu…
    J’espère que la météo sera plus clémente ensuite !!! 🤞

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  2. Ton récit donne l’impression de t’accompagner un peu au long de ce parcours et de ses vicissitudes.
    Pluie et froid alors que nous, c’est la canicule !
    Mais on sait bien qu’il faut « foncer dans le brouillard »…

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