Shape of Things to Come: relier les points

Une journée où il fait chaud. Et, rien à voir, une leçon d’histoire en chemin.


J’ai déjà fait Venlo-Maastricht (il y avait du vent), Venlo-Nijmegen (il pleuvait), et Utrecht-la maison (il faisait nuit). Mais il manquait le bout entre Nijmegen et Utrecht. À la fin de cette journée, c’est chose faite.

J’avais fait un itinéraire Utrecht-Nijmegen, mais afin de limiter le temps dans le train avec la fatigue dans les pattes, je pars de Nijmegen, beaucoup plus à l’est. Bien m’en a pris : la deuxième moitié du parcours est essentiellement dans la forêt. Si j’étais parti d’Utrecht, j’aurais roulé sous les arbres le matin et en plein cagnard l’après-midi.

Arrivé à Nijmegen, je range mes affaires en écoutant de la musique à proximité.

Il y a des gens qui sont doués, et en plus en font profiter les autres.

Sur le parvis de la gare, grand ciel bleu : ça change de la dernière fois avec le ciel gris et la pluie. Je quitte la ville en passant au-dessus du canal de la Meuse au Waal, qui est une rivière faisant partie du delta du Rhin.

Le canal avec au fond la Meuse

Une fois sorti de la ville, je roule le long d’un champ de pommes de terre. Je commence à les compter, mais je m’arrête à cent. Cent patates.

Puis je traverse le Waal.

Pont sur le Waal

Après le pont, je suis censé suivre la rivière, mais les choses se compliquent car la piste cyclable au bord de l’eau est en travaux, et est donc inaccessible. J’essaie en vain de la rejoindre à plusieurs endroits. Je finis par rejoindre la route qui traverse les villages.

Face aux travaux sur la voie sur berge, une seule réaction s’impose : HIDALGO DÉMISSION !!!

Il commence à faire chaud, alors je profite d’une station service pour m’abriter à l’ombre un moment.

Un peu plus loin, je vois un défilé de Fiat 500, ça me fait penser au Grand Bleu mais aussi à The Italian Job (même si c’est des Mini Cooper dans ce film).

Défilé

Finalement, je n’ai pas roulé beaucoup le long du Waal, d’autant que le chemin, partant vers le nord, m’en éloigne. À travers la campagne, je file vers la ville de Rhenen.

Le Rhin inférieur, autre rivière du delta
Chemin le long du Rhin inférieur

En arrivant à Rhenen, j’entends des éclats de voix provenant d’un restaurant : une fenêtre de la cuisine est ouverte et j’entends tout ce qui s’y passe.

Je comprends que le restaurant est tenu par un type qui a l’air de vouloir tout contrôler. En particulier, il voudrait bien virer son neveu, co-propriétaire de l’établissement. Il complote avec le gérant de la salle, lequel voit d’un mauvais œil le fait que le neveu en question tourne autour de sa fille. Sa fille qui passe son temps au bord de la rivière alors qu’elle ne sait pas nager. À mon avis, tout cela va mal finir.

Avant de partir, je vois le neveu dehors, un catalogue de mobilier dans les mains. Il se parle à lui-même, et j’entends “Bon. Ce nouveau vaisselier, hêtre ou pas hêtre ?”.

Restaurant Le Roi du Danemark, à Rhenen

Après Rhenen, c’est la forêt qui commence, c’est essentiellement de la piste avec certaines parties goudronnées. C’est tranquille, malgré les nombreux vélos aujourd’hui. Des sportifs sur des vélos de course. Des personnes âgées sur des vélos électriques. Des cyclotouristes avec des bagages. Et surtout il fait frais.

Si vous regardez bien, vous verrez un ewok se cacher derrière un tronc d’arbre.
Fashion fame, mirror vain, gone insane, but the memory remains

De façon bien surprenante, en pleine forêt je tombe sur un panneau qui m’indique la présence — occasionnelle, j’espère — des Men In Black.

Triangle pointe en bas : si les MIB roulent au plafond d’un tunnel, ils ont priorité

Et maintenant on passe aux choses sérieuses, la leçon d’histoire, puisque me voilà arrivé à Austerlitz. Si vous ne savez pas qu’Austerlitz est autre chose qu’une gare parisienne, ce n’est pas bien grave : Pierre Desproges faisait remarquer que Georges Marchais avait fait une carrière politique remarquable en restant persuadé toute sa vie que Marceau, Berthier et Périphérique étaient des maréchaux d’Empire.

Bon, Austerlitz, rien de palpitant, c’est juste un petit village en pleine forêt. Le nom vient de la bataille d’Austerlitz, durant laquelle l’armée de Napoléon a flanqué une rouste aux Russes et aux Autrichiens. Pour quels motifs exactement, ça me paraît assez nébuleux mais de ce que je comprends, les Britanniques s’allient avec l’Autriche et la Russie pour dire à Bonaparte que bon, maintenant, ça suffit.

Peine perdue puisque c’est Napoléon qui a remporté la bataille (sinon on aurait pas une Gare d’Austerlitz. À Londres ils ont la place Trafalgar et la Gare Waterloo).

Le village d’Austerlitz, où se trouvaient des campements de la Grande Armée, est nommé ainsi par Louis Bonaparte, frère de Napoléon et roi de Hollande à ce moment.

Panneau à Austerlitz expliquant tout

À proximité est érigée une pyramide à laquelle on a donné le nom de Pyramide d’Austerlitz.

Pyramide

Notez que Tino Rossi a commis une chanson à la gloire de Napoléon. Comme la pyramide c’est un monument, mais un monument de kitsch sirupeux et flagorneur, et c’est pourquoi je vous épargne ça.

Nettement moins kitsch, vous avez le tableau La Bataille d’Austerlitz, du peintre François Gérard, lequel, nous apprend Wikipedia, était peintre de cour pendant le Premier Empire mais aussi durant la Restauration : c’est dire s’il a dû bien retourner sa veste.

D’ailleurs son tableau est à peine moins flagorneur que la chanson de Tino Rossi puisque Napoléon prend toute la lumière sur ce tableau. Le soleil fait son apparition au moment où on vient lui annoncer la victoire, et autour de lui, des soldats blessés s’assurent de le voir vainqueur avant de pouvoir clamser l’esprit tranquille.

Bataille d’Austerlitz par François Gérard

Restent pour aujourd’hui un bout de forêt avec de la piste et beaucoup moins d’autres cyclistes ; et enfin de la piste cyclable le long de la route entre Amersfoort et Utrecht.

À proximité d’Utrecht

Arrivé à Utrecht, il fait une chaleur étouffante. Je me pose en terrasse avec un coca et une salade, puis je rejoins la gare.

Utrecht, c’est beau.

Juste avant la gare, je passe devant la salle Tivoli Vredenburg, où j’ai eu la chance de voir John Butler, Andrew Bird, Souad Massi et The Dire Straits Experience.

Tivoli Vredenburg

Dans le train vers Rotterdam, je me laisse cuire, installé entre un autre cycliste et une dame qui lit un livre.

Sur le quai de la gare de Rijswijk, je croise un couple d’amis et leurs deux enfants. Me voyant avec mon vélo, ils me lancent : “Ah ! Je crois qu’on va terminer dans un article de blog !”. Voilà qui est chose faite 🙂

Cependant leur fils me demande ce qu’est “un blag”, et ils m’expliquent qu’ils arrivent de Malte (oui, en train), et que là ils vont à Madrid avant de partir pour Istanbul, le tout dans la journée. Mais peut-être n’ai-je pas tout bien compris.


Bilan de la journée:

  • Distance : 92,68km
  • Temps de pédalage : 4h14
  • Dénivelée: 314m

Une vidéo qui claque

Given one more try
Wonder what I’d change?
I won’t deny
I thought it strange
I’ve done my best
And I will lay no blame on myself
Break down, in the shape of things to come
But I’m moving on like a soldier
And I stand now, when all is said and done
It’s not ours to break
The shape of things to come

2 commentaires sur « Shape of Things to Come: relier les points »

  1. Joôli périple ….encore.

    Néanmoins quelques remarques et questions:
    Il n’y a pas que kes vieux qui roulent en VAE
    Napoleon a t’il fait l’aller en vélo et le retour en train?

    Pour nous piste à velo à Besançon , un peu moins historique , mais bataille européenne itou.

    J’aime

  2. Temps magnifique aux Pays-Bas ! Les sous-bois ont de belles couleurs au soleil et tu as dû bien apprécier leur fraîcheur. J’aime bien aussi le bord des rivières, avec cette lumière du Nord si caractéristique !

    J’aime

Répondre à JL Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *