Where the grass is greener: de Grefrath à Leverkusen

Où il est question d’une invasion viking, d’une brasserie, du Rhin et de bouts de campagne.


Ce matin ça pique un peu : les choses sérieuses commencent, j’ai encore un bout de fatigue de la veille. Je prends mon temps pour descendre au petit déjeuner ; autant hier soir au moment du repas il n’y avait que des vieux, autant ce matin la salle à manger a été envahie par des adolescents danois. Ils portent tous le même pull : j’en reporte les inscriptions dans google et j’apprends qu’ils viennent participer à un tournoi de football aux Pays-Bas.

Après avoir rangé mes affaires et récupéré le vélo, je pars. Au début, beaucoup de petits villages à traverser, jusqu’à une forêt longée par une voie ferrée.

Première forêt de la journée

Dans les arbres, ça cuicuite à qui mieux mieux : des mésanges charbonnières, m’apprend l’excellente appli BirdNET, découverte en écoutant l’excellent podcast d’Hervé Pauchon. Il y a en bordure du chemin tout un parterre de petites fleurs, des Anémones des bois (ce qui nous ramène au Père Noël est une ordure).

Anémone des bois

De temps en temps, je traverse une grande route. C’est d’ailleurs le seul signe des grandes villes aux alentours comme Mönchengladbach et Düsseldorf, hormis un petit aéroport.

Un canal où coule de la végétation

Je croise aussi un chemin de fer que je connais bien : celui de la Petite Locomotive. D’ailleurs je reconnais Maggie et Peggy qui se promènent, un peu plus loin. Elles vont très certainement porter un fromage au renard ou un pot de confiture à Monsieur Dubonair.

Un chemin de fer qui s’enfonce dans la forêt

Ensuite, une grande portion de ligne droite me mène jusqu’à la ville de Kaarst, c’est le début d’une aire bien plus urbaine et industrielle.

Tout au bout, Kaarst, Neuss et Düsseldorf

À Kaarst, j’en profite pour saluer mes lecteurs du Canada.

Je me souviens

Par contre après ça commence à ressembler à Paris.

HIDALGO DÉMISSION !!!

Après Kaarst, c’est la ville de Neuss, au bord du Rhin, très industrielle et dont je vois essentiellement un entrelacs de bretelles routières et une zone industrielle, bien vide en ce jour de vendredi saint.

Zone industrielle de Neuss

Ensuite la piste me mène sur la piste cyclable qui longe le Rhin. Et alors le Rhin c’est sacrément large. Ça en fait de la flotte, pas étonnant que le delta du fleuve s’étale sur la moitié des Pays-Bas.

Le Rhin à Neuss
Au fond, Düsseldorf

Je navigue jusqu’au centre-ville de Düsseldorf. Il est 13h et comme il fait un peu froid, j’abandonne l’idée d’un sandwich au profit de celle de mettre mes pieds sous une table.

Le gentil serveur d’une brasserie bouge les tables de sa terrasse pour que je puisse cadenasser mon vélo.

Vélo à l’abri

Puis je rentre dans la brasserie zum Weißen Bären (les ours blancs). J’y mange une pomme de terre au four avec du saumon fumé. Ours blanc et saumon fumé, ça me rappelle quelqu’un.

Bon. Portion allemande oblige, je ne mange que la moitié de mon assiette.

Mmmmh

Après un peu de repos, je reprends la route direction le sud de Düsseldorf et ses faubourgs. Cependant je continue de longer le Rhin.

Subitement, la ville disparaît et je me retrouve en pleine cambrousse.

D’un seul coup,la cambrousse

Et alors comme d’habitude c’est reposant, du style Erwachen heiterer Empfindungen bei der Ankunft auf dem Lande — c’est le titre d’un morceau de musique que je vous mets juste là dessous.

Il me reste à peu près cinq kilomètres jusqu’à la chambre d’hôte de ce soir, à Leverkusen. Sur le chemin, à Monheim, je découvre une statue au bord du fleuve.

Statue Léda

Dans la mythologie grecque, Léda est une mortelle séduite par Zeus, lequel a alors l’apparence d’un cygne, et elle donne naissance à Hélène (celle de l’Iliade) et Pollux.

Pour moi un cygne c’est un bel oiseau mais tout ce qu’il sait faire c’est essayer de vous mordre avec insistance quand vous ne lui donnez pas assez vite le pain que vous avez dans la main.

Comme quoi la mythologie grecque c’est quand même pas vraiment #meetoo, que ce soit dans l’Olympe comme chez les mortels d’ailleurs (cf. Briséis qui est enlevée par Achille qui en fait sa meuf après avoir tué ses frères et son mari, puis volée par Agamemnon pendant le siège de Troie à ce même Achille rien que pour le faire chier. Spoiler alert : ça finit mal pour tout le monde).

Enfin je débarque à la chambre d’hôte. J’insiste pour parler allemand avec le monsieur qui m’ouvre la porte — je suis quand même venu pour ça ; il me dit que lui s’appelle Ulle, qu’il est norvégien mais qu’on peut parler allemand quand même.

Je lui sors donc les deux trucs que je connais en norvégien, tusen takk (merci beaucoup) et jeg er ikke en kvinne (je ne suis pas une femme), ce à quoi il me répond “stimmt” (tout à fait), ce qui me rassure à la fois sur mon apparence et sur ma prononciation du norvégien.

Vue depuis la fenêtre

Puis, dans l’ordre, douche, lessive, et réparation d’une sacoche dont une vis a foutu le camp.

Encore un peu lesté de mon repas de midi, je me contente d’une salade dans un restaurant italien à proximité. Par la fenêtre, je regarde le Rhin couler et le ballet des nuages.

Vue du restaurant

Bilan de la journée :

  • Distance parcourue : 72,75km (cumulée 168,05km)
  • Temps de pédalage : 4h13 (cumulé 8h47)
  • Dénivelée : 113m (cumulée 276m)

During the week I feel like a ghost
I’m one of these girls who like Friday the most
And everyone knows
The grass is always greener on the other side
But I don’t need to see it ’cause I am alright, alright

2 commentaires sur « Where the grass is greener: de Grefrath à Leverkusen »

  1. On n’aurait pas imaginé de telles aventures dans une telle platitude ! Bon courage pour la suite de la randonnée, on est impatients de savoir…

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  2. J’ai lu avec plaisir et intérêt tes deux précédents articles mais je n’ai pas eu le temps de te faire mes commentaires habituels !
    Son sens de l’observation et ton humour rendent toujours tes aventures drôles et intéressantes !
    Aujourd’hui j’ai bien aimé l’histoire familiale de la petite locomotive, à laquelle j’ai pensé tout de suite en voyant les rails.
    J’ai bien aimé aussi la chanson du groupe Annie Taylor. Je crois que le proverbe « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin » est assez répandu finalement. Un jour, on était face au Mt Blanc à la frontière italienne, au col des Chavannes, pour ceux qui connaissent. On y avait rencontré un groupe de Valdôtains très sympas qui, alors qu’ils étaient montés de l’autre côté du col, nous avaient dit « l’erba è sempre più verde dall’ altra parte della siepe ! »

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