Aujourd’hui c’est vent et pluie.
Ce week-end, je décide de prendre un peu le large et d’aller rouler à l’est, à savoir le long de la Meuse, entre les villes de Venlo et de Nijmegen (Nimègue en français), sur un itinéraire d’environ 83km (526km selon les syndicats, 7km selon la police).
Je prends le deuxième train de la journée (le premier ça piquait un peu trop) à Rijswijk, direction Venlo via Delft et Eindhoven. Un peu plus de deux heures après, j’arrive à destination.

Il faut savoir qu’il y a une trentaine d’années, une entreprise de la ville de Venlo avait été impliquée dans un trafic de drogue. Un commissaire néerlandais consciencieux et un policier américain tatillon avaient eu vent que la société Limburgse Augurkenfabriek abritait un laboratoire clandestin de production d’héroïne. Je ne vous dis pas comment tout cela s’est terminé, pour en savoir davantage lisez le diptyque H/Dutch Connection, les tomes 5 et 6 de la BD Largo Winch.
Sortie de la ville, puis je pédale le long de la Meuse. Une péniche vogue tranquillement sur le fleuve.

Le temps est un peu incertain et je commence à prendre quelques gouttes de pluie. Je file de village en village ; le coin semble assez agricole.


À Arcen, je croise une brasserie au nom connu. Si vous aimez cette bière, vous saurez désormais où elle se trouve. En plus ils organisent des visites de la brasserie et des dégustations, semble-t-il.

Juste après, mon itinéraire me mène à Broekhuizen, de l’autre côté du fleuve : je prends donc le bac. Entre-temps, la pluie s’est intensifiée, et avec le vent de face j’ai un peu froid.

De l’autre côté de la Meuse, je change de direction et me retrouve avec le vent dans le dos : ça va vite. Beaucoup d’eau autour de la route, cela ressemble à des bras morts de la Meuse. Au bled suivant, je croise deux copines en train de pique-niquer dans un champ.

Arrive le moment de retraverser la Meuse ; j’arrive au ponton d’où part le bac, pour constater hélas que je risque de devoir attendre un peu.

Qu’à cela ne tienne, j’en profite pour faire une pause dans le café-restaurant juste à côté. Je suis accueilli à l’entrée par un panneau on ne peut moins local.

Voilà une affiche qu’on trouvait dans le métro parisien il y a bien longtemps. Et vous savez quoi, je me retourne et je me retrouve à la station Trocadéro sur la ligne 6. Une rame passe avec Bébel sur le toit.
Une fois que j’ai fini mon chocolat chaud et que Bébel a dézingué le truand, je reprends ma route — via un détour par un pont un peu plus loin, puisque le bac est fermé en ce moment. De l’autre côté, ça devient beaucoup plus boisé. La pluie me laisse un peu de répit : j’en profite pour avancer dans mon kilométrage de la journée.
Alors que la piste cyclable s’enfonce dans la forêt, un appareil de Ryanair passe juste au-dessus de ma tête : un aéroport régional se trouve à peine à deux kilomètres de là, de l’autre côté de la frontière allemande. Avisant une petite cabane parfaite pour m’abriter du vent, je décide d’une pause.

Je mange un morceau, si ça vous intéresse c’était un reste de cake épinards-olives-tomates cerise. Le genre de truc donc mon petit garçon se goinfre le mercredi midi quand je vais le chercher au bus.

Je quitte la piste cyclable pour un chemin plein de flaques, sur les vingt prochains kilomètres. Il a bien plu ce matin : je retrouve avec plaisir les odeurs de la forêt, les senteurs d’humus et de feuilles mortes, le parfum des mélèzes.

Je ne croise absolument personne, hormis une procession singulière. Je n’en connais ni la raison ni la destination.

Après la forêt c’est la petite ville de Gennep (rien à voir, hélas, avec ce qu’on obtient en suivant la recette des trois quarante). J’y ai croisé une réplique de ma locomotive lego (j’ai trouvé la photo ici).


Juste après Gennep, plus de forêt mais des champs, et un bout du Pieterpad qui est le plus célèbre des itinéraires de randonnée pédestre aux Pays-Bas. Il court sur 500km du nord, vers Groningue, jusqu’au sud du pays, à Maastricht.

Sur ce, tout le long d’une tour de guet, c’est le moment d’une petite pause musicale.

C’est une chanson écrite par Bob Dylan, mais je vous mets la version de quelqu’un qui sait chanter. Ouuuuuh ça clashe !
Pour la petite histoire, j’ai vu Bob Dylan en concert il y a douze ans. Je n’ai aimé ni son attitude de péteux (regardez-moi être une légende de la musique), ni sa voix dégueulasse, ni le fait qu’il chantait faux, ni ses incessants pains à la guitare. La comparaison avec sa première partie n’était pas non plus à son avantage puisqu’il s’agissait de Mark Knopfler, bon chanteur et guitariste au jeu à la propreté légendaire.
Les derniers kilomètres, c’est un bout de forêt, sur une colline avec des petits raidillons bien sentis et un décor bien vallonné comme on en voit peu aux Pays-Bas.

Enfin, c’est la descente vers Nimègue, toujours dans la forêt.

Enfin, je traverse Nimègue, et non sans mal la Place Charlemagne, un rond-point bien mal fichu avec des bagnoles dans tous les sens (Wikipedia indique que la chaîne de télévision RTL a nommé cet endroit “le rond-point le plus dangereux des Pays-Bas”).

Puis c’est la gare. Le train. Le retour au bercail.


Dans le train, je papote quelques minutes avec deux autres cyclistes. Difficilement car l’un marmonne et l’autre parle vite. Puis je sors mon livre.
Heureusement que j’avais pris un bouquin pour m’occuper d’ailleurs : Venlo et Nimègue se trouvent à l’autre bout du pays, tout près de la frontière allemande. J’ai passé presque autant de temps dans le train que sur le vélo aujourd’hui.
En parlant de livres, le dernier que j’ai lu dans un train c’était Pas de Kaddish pour Zylberstein, un polar ashkénaze comme son nom l’indique, et adapté au cinéma en 1997 par Alexandre Arcady sous le titre K, avec Patrick Bruel dans le rôle-titre (oui, polar ashkénaze, mais le personnage principal s’appelle Benamou).
Après ça, je me suis dit que j’allais me mettre aux romans policiers séfarades, avec des titres comme Du rififi dans les boulettes, Le crime du Deauville-Express, ou encore On a volé la couscoussière de tata Rachel. Si vous n’êtes pas trop polar, il y a aussi des drames familiaux comme La vérité c’est pas moi qui ai pris le dernier makroud.
Bilan de la journée avec la carte qui va bien :

- 83,16km parcourus
- 4h34 de pédalage
- 341m de D+
Well the highway is alive tonight
Where it’s headed, everybody knows
I’m sitting down here in the campfire light
Waiting on the ghost of Tom Joad
And the highway is alive tonight
Nobody’s foolin’ nobody is to where it goes
I’m sitting down here in the campfire light
Searchin’ for the ghost of Tom Joad
Ton vélo a réussi le bac la première fois mais pas la deuxième, il faudra passer au rattrapage !!!!
Du coup il faudra que tu nous racontes de nouvelles aventures !!! 😉
J’aimeJ’aime
Le méchant dans peur sur la ville c’est Minos le blaireau avec un œil de verre.
Toujours sympa tes aventures
J’aimeJ’aime
MAgnifique et merci pour le tip concernant le Pieterpad, ne connaissais pas!
Bonne continuation lors des WE à venir
J’aimeJ’aime
En dehors de la Place Charlemagne, il ne semble pas y avoir eu foule sur le parcours. Il faut dire que la météo…
Bravo pour cette belle rando.
J’aimeJ’aime
hello,
Belle aventure, fortement agrémentée par des diversions originales.
Je suis toujours impressionné par le D+ , les descentes vertigineuses,….
A tres bientôt pour de nouvelles aventures!
J’aimeJ’aime
La journée internationale de la procrastination t’ a permis de te reprendre des forces et t’a donné de l’inspiration pour ta balade d’hier ! 😂 J’ en attendais le compte-rendu avec une grande impatience et je n’ai pas été déçue !
J’aimeJ’aime