Follow the Sun : de Rochefort-sur-Loire à Nantes

Où il est peut-être temps de faire une pause.


Ce matin j’ai plaisir à retrouver Vanessa. Elle me raconte sa soirée : elle a joué de la harpe pour La Veuve Joyeuse, une opérette de Franz Lehár, dans le cadre du festival Opéra de Beaugé. Tout s’est bien passé, très bien même vu que la répétition générale avait été « un désastre ».

Elle raconte aussi qu’un chanteur était absent et qu’ils ont du faire sans lui. Le chef d’orchestre s’est excusé auprès du public en disant que compte tenu du contexte lié au Covid, ce chanteur n’avait pas pu venir. En coulisses, la directrice du festival lui criait (assez fort pour que le public entende) « Mais non c’est pas ça ! Il nous a posé un lapin ! ».

Je prends le petit déjeuner avec une petite famille qui a prévu d’aller au Puy du Fou. Ils partent avant moi, je reste encore un peu à discuter avec Vanessa, puis je reprends la route, direction Nantes.

La chambre d’hôte de Vanessa

Traversant les vignobles, je rejoins la Véloroute. À Savennières, je suis poursuivi par un troupeau de décibels.

Troupeau de vroum vroums

Heureusement apparaît mon panneau préféré, m’offrant une échappatoire bienvenue.

HIDALGO DÉMISSION !!!

Le chemin traverse le petit village de La Possonière, puis je découvre un décor qui va me suivre une bonne partie de la matinée.

Véloroute dans les Côtes de Loire

La route se poursuit, de village en village. Peu de vent, température clémente, tout va bien. Dans une zone de travaux, je note la présence d’une chanson de Led Zeppelin, ou presque.

Remblai en cours = Ramble On (à peu près)

Pendant ce temps, le chemin suit toujours le bord de la Loire. C’est impressionnant de voir à quel point le lit est sableux. Parfois, en regardant la surface de l’eau, je vois des courants tourbillonnants voire qui remontent le fleuve.

Ça mord ?

Cependant il y a toujours beaucoup d’activité agricole. Moins de champs, ils sont plus petits ; et de plus en plus de pâturages.

Ici les vaches étaient un peu timides : elles ne voulaient pas être sur la photo.

Il y a des villages où les panneaux de la Véloroute sont gribouillés, j’imagine par des gens que la présence de cyclistes importune.

Il y a une vingtaine d’années, j’avais fait la traversée du Vercors à pieds avec des copains. Vers le col de Rousset, on avait perdu un gars du groupe. On s’était alors rendu compte qu’un berger avait cru bon d’effacer les signes blancs et rouges du GR qu’on suivait ; il devait trouver que trop de randonneurs passaient devant sa bergerie. Pour se venger, on avait fait caca devant la porte.

Pour la petite histoire, le porté disparu avait refait surface le lendemain : il avait poursuivi jusqu’à un refuge, où cette enflure avait squatté un dortoir remplies de suédoises, auxquelles il avait en plus taxé de la bouffe. Pendant ce temps, rongés d’inquiétude, ayant signalé sa disparition à la gendarmerie, on avait passé une nuit pénible sous la tente, après avoir dû faire fondre de la neige d’un névé pour faire cuire nos pâtes, et dépecé un chamois pour rôtir une cuisse et faire une couverture avec la peau (bon le chamois c’est pas vrai, mais le reste est authentique).

À hauteur de Montjean-sur-Loire, je fais une petite pause pour reposer un peu mes jambes. Et ici encore, il est question de musique.

London Calling

Je continue encore ma route. Le décor est joli, il est plaisant d’y rouler, mais il change peu.

Comme cela peut arriver à un spectateur au concert, je suis coincé dans une chanson dont le refrain revient un peu trop souvent, ou pour laquelle l’auteur ne s’est pas trop foulé sur les paroles. Non pas que la musique soit sans intérêt, mais ce n’est pas trop de la chanson à texte. Genre Around the World de Daft Punk. Vous connaissez le titre, vous connaissez les paroles.

Depuis un pont, je vois des gens profiter des rives sableuses du fleuve pour une sorte de camp de sport. C’est chouette les vacances.

À la plage

De l’autre côté du pont, je longe un champ dans lequel une météorite s’est récemment écrasée. Les vaches n’ont pas l’air d’en avoir été troublées.

Ceci dit, un type qui travaille dans le champ m’explique que le propriétaire des vaches avait ramassé la météorite après l’avoir trouvée. Il l’avait mise dans un bocal en verre et s’était rendu compte que le caillou émettait une espèce de couleur, « comme une couleur mais qui n’en était pas une », me dit-il. Puis la météorite avait été frappée par la foudre et avait disparu. Ce type ne sait pas trop ce que tout ça va donner par la suite, mais selon lui ça n’augure rien de bon, ni pour les cultures aux alentours, ni pour les vaches, ni même pour leur propriétaire.

Si vous voulez en savoir plus, lisez la nouvelle « la couleur tombée du ciel » de H.P. Lovecraft, ou alors écoutez son excellente adaptation sur le site de France Culture

À Anetz, je quitte la piste cyclable direction de quoi manger, parce que le petit déjeuner était à 7h30 ce matin et que j’en suis déjà à plus de cinquante kilomètres. Dans l’unique boulangerie, je demande un sandwich. La boulangère me répond — assez peu aimablement au demeurant — « ah non, on n’en fait pas le week-end ! ». Elle a tout compris, tiens. Je me rabats sur une baguette au fromage et une petite brioche.

Puis je me pose sous le porche de l’église, au frais, pour pique-niquer.

Aire de pique-nique

Dans l’après-midi, le décor n’est pas le même, sans être vraiment beaucoup plus varié. De la ligne droite ; à droite la voie ferrée, à gauche la Loire.

Piste cyclable

Je commence à sentir les effets de la fatigue. Ce soir, j’en serai à 530km en six jours. Par ailleurs, lundi et mardi ont été éprouvants, malgré un kilométrage relativement faible. Jeudi la journée sous la pluie et sa fin soutenue ont été tout aussi fatigantes. Je prévois donc une pause d’une journée à Nantes.

Mûres de bord de Loire

Une nouvelle traversée du fleuve me fait réaliser à quel point il est large. Et honnêtement, je me demande d’où vient toute cette flotte, parce que sur la photo avec les gens sur le sable, on voit qu’il y a assez peu d’eau. Il y avait à cet endroit d’autres bras de fleuve, mais je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient davantage pleins.

La Loire

Au milieu de l’après-midi, je fais une petite pause dans un atelier participatif de réparation vélo pour regonfler un peu mes pneus. C’est la caverne d’Ali-Baba ici, mais je trouve une pompe asthmatique qui peine à rajouter quelques dixièmes de bars dans mes roues.

J’en profite aussi pour boire une limonade, laquelle, c’est marrant, à exactement le même goût que celle que mon grand-père achetait (le « Piclo »).

Bar/atelier vélo

Les bord du fleuve sont devenus plus touristiques. Je longe de nombreux campings, et il y aussi souvent de petites guinguettes, soit des cabanes, soit des containers aménagés.

Guinguette

Sur la fin je trouve le temps un peu long, mais je finis par arriver à Nantes. L’arrivée en ville, au bord de la Loire, est bien plus sympa que celle d’Angers, où j’avais traversé des zones résidentielles puis une zone commerciale, tout en loupant le centre-ville.

Arrivée sur Nantes avec le pont Éric Tabarly

Rapidement, j’arrive à l’hôtel. Après une bonne douche je vais manger dans un resto indiqué par le réceptionniste.

Alors les prix en ville c’est pas la même chose que dans un bled paumé au milieu des vignobles avec deux restaurants et une chambre d’hôte. Mais c’est très bon, le personnel est adorable et comme la rue est fermée aux voitures, c’est très paisible. Pour info j’ai bu un cocktail petit lait de chèvre – jus de tomate – concombre – thym. Surprenant et délicieux, avec un petit goût de sérac.

HIDALGO DÉMISSION !!!

Par contre, quand je rentre à l’hôtel une surprise de taille m’attend.

Bon sang l’hôtel a foutu le camp pendant que j’étais devant ma pizza

Bilan :

  • 101,70km parcourus (cumulé 530,20km)
  • 5h54 de pédalage (cumulé 31h01)
  • 271m de D+ (cumulé 2490m)

5 commentaires sur « Follow the Sun : de Rochefort-sur-Loire à Nantes »

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