Quel nom bizarre, vous dites-vous. Lisez l’article et vous saurez.
Aujourd’hui, nous avons droit à des chansons plus longues, avec des morceaux d’Histoire dedans.
Il a bien plu pendant la nuit et ce matin le ciel est gris.
Ce qui est gris aussi ce matin, c’est la mine des commerciaux qui ont dormi à l’hôtel et qui prennent le petit déjeuner en mode zombie, les yeux rivés sur BFMTV. Notez qu’ils sont bien plus à plaindre que moi, mais je me mets dans un coin, le dos tourné à tout le monde et à la télé.
Après le petit déjeuner (comprenant un pillage en prévision de la journée sur le vélo), je reprends la route tranquillement. Il fait bien plus frais que la veille, le temps idéal pour pédaler. À la sortie de Châteaudun, je traverse une forêt.

La forêt le matin après la pluie de la nuit, c’est génial. Je m’arrête au bord de la route et j’écoute les bruits environnants : les gouttes qui tombent des feuilles, les oiseaux qui chantent, les insectes qui volent ou encore les feuilles au sol qui craquent.

Je ne m’attarde pas trop non plus : des nuées de moustiques commencent à s’intéresser à moi. En plus, vue ma rencontre dans le Sinaï avec Lawrence d’Arabie hier, il est possible que je sois encore en zone tropicale. Or je ne prends pas de médicament anti-paludéen — comme la désormais fameuse hydroxychloroquine (ça c’est son nom dans le Sud-Ouest. Ailleurs on l’appelle pain à l’hydroxychloroque).
La Beauce est derrière moi à présent et s’il y a toujours des champs, leur taille est bien plus modeste. Une fois dans le Loir-et-Cher, la route suit la vallée du Loir.

Ça et là, mon œil est attiré par de petits détails. Un cheval paisible, une reproduction miniature du palais du Facteur Cheval, un salon de coiffure au nom improbable.



Peu avant Vendôme, je tombe sur le château de Meslay. Apparemment Henri IV y aurait séjourné.

Enfin c’est Vendôme. La ville est plutôt jolie, alors je m’y arrête pour manger, à proximité d’une statue de Rochambeau.

Alors que je rêvasse, une fois mon sandwich ingurgité, un type arrive à vélo et commence à me parler en néerlandais. Il a reconnu la marque de mon vélo, acheté aux Pays-Bas.
Lui fait Paris-Nantes-La Rochelle-Paris. Il a résolu le problème du vélo dans le train en venant à Paris en voiture, qu’il a laissée dans un coin à Jouy-en-Josas. Culotté, mais à la réflexion c’est peut-être ce que j’aurais dû faire. Ça ou bien mettre mon vélo comme un sauvage dans le Thalys.

Après quelques kilomètres de cambrousse, je tombe sur le château de Rochambeau, dans le village de Rochambeau.

Jusque là, tout ce ce que je connaissais de ce brave homme, c’est que l’aéroport de Cayenne a un temps porté son nom. Je scrolle donc Wikipedia pour en savoir davantage.
Rochambeau (Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, de son vrai nom) est originaire de Vendôme et a combattu contre les Anglais aux côtés de George Washington durant la Guerre d’Indépendance des États-Unis. Il a finit sa vie pépère dans le château ci-dessus et est enterré à Thoré-la-Rochette, le village d’après sur mon parcours.

Sa statue à Vendôme a une réplique dans le XVIème arrondissement de Paris et une autre dans un parc à Washington DC.
Bon j’espère que Lawrence d’Arabie ne m’en voudra pas trop d’avoir parlé de Rochambeau.
Plus qu’une quinzaine de kilomètres et j’arrive au village de Trôo, où se situe ma chambre d’hôte. Comme j’arrive un peu en avance, je patiente à l’ombre, assis sur un trottoir, en compagnie d’un chat qui ne refuse pas les gratouilles.

Enfin je suis reçu par Jean-Luc, qui me montre la chambre et qui m’explique que Trôo est une variante orthographique du mot trou. Le village est construit à flanc de falaise et comporte de nombreuses maisons troglodytes.
Après j’ai mangé dans un petit restaurant du village, des choses dont je ne connaissais pas le nom : des rillons (charcuterie de Touraine, à base de poitrine de porc), du Trôo (petit fromage de vache ultra-local) et de la cargette (en fait, m’a dit le patron juste après, « c’est un mélange de carotte et de courgette. C’est juste que je parle trop vite, des fois »).


Bilan de la journée :
- 88,84km parcourus (cumulé 244,12km)
- 5h05 passées sur le vélo (cumulé 14h30)
- 414m de D+ (cumulée 1320m)
I saw a beggar leaning on his wooden crutch
He said to me, “you must not ask for so much”
And a pretty woman leaning in her darkened door
She cried to me, “hey, why not ask for more?”
Oh, like a bird on the wire
Like a drunk in a midnight choir
I have tried in my way to be free
Encore un beau parcours, riche en histoire ! J’avoue que j’aurais eu du mal à situer Vendôme et encore moins Rochambeau et son illustre habitant.
La rencontre avec un néerlandais, grâce à la marque du vélo, est amusante !
J’attends le prochain épisode …
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Je n’avais pas pu lire le récit hier. Tant mieux, aujourd’hui j’avais 2 épisodes ! Que j’apprécie ces visites imprégnées d’humour, d’histoire et d’inattendu !
Bonne journée Manu, à bientôt.
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Ah, Léonard Cohen, c’est toute notre jeunesse…
Merci de nous faire aussi voyager…dans le temps !
Bonne route
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