Samedi 16 juillet au soir, j’ai assisté à un concert.
C’était l’artiste Andrew Bird, à Utrecht.

Alors que les musiciens commençaient la première chanson, Sysiphus, je me suis fait la réflexion que les premières mesures jouées lors d’un concert, c’est un peu comme le premier kilomètre d’un voyage à vélo : ça y est, c’est commencé, on est dedans, et il n’y aura plus de premier kilomètre à ce voyage.
Donc, en ce premier jour, je pars de Saint-Rémy les Chevreuse, en région parisienne.
Mais tout d’abord, quelques mots de la veille et du trajet pour aller des Pays-Bas à Paris, en train.
J’ai changé de train à La Haye, Schiphol, Anvers, Courtrai, Lille et St-Quentin. Tous les trains étaient à l’heure, il n’empêche qu’il faut prendre son mal en patience parce que c’est long.

Sur la portion entre Lille et Paris, deux heures d’attente à St-Quentin, dans une gare vide. Quand je dis « vide », ce n’est pas déserte mais avec un seul magasin, fermé. Assis par terre, j’en ai profité pour avancer dans mon bouquin.

Dans le TER entre St-Quentin et Paris, je retrouve les toilettes habituelles des trains SNCF, avec l’évacuation qui donne direct sur la voie. C’est à la fois fascinant et terrifiant. Vous regardez les toilettes, et au bout d’un moment, ce sont les toilettes qui vous regardent.
Et comme tout ce que vous jetez là finit inexorablement sur le ballast, en charpie et perdu à tout jamais, les toilettes du train sont en réalité un trou noir (trou noir primordial puisqu’il était là au commencement du wagon).

Entre la Gare du Nord et mon lit à St-Rémy les Chevreuse, je choisis d’enquiquiner le monde en mettant mon vélo dans le RER B. Néanmoins, cet été la ligne est interrompue, et remplacée par des bus, entre Les Baconnets et Massy-Palaiseau. Alors qu’apparemment le vélo serait toléré dans le bus, je décide de pédaler les trois kilomètres séparant les deux gares.
Ma bonté me perdra, me dis-je en montant sur ma selle, écrasé par un soleil de plomb.
Les Baconnets, pour ceux qui l’ignorent, c’est une station de RER à Antony, au sud de Paris, à proximité de la limite entre le département des Hauts-de-Seine et la campagne celui de l’Essonne.
Tout ça pour dire que j’étais content d’arriver chez mes copains Julien et Isabelle, à St-Rémy les Chevreuse, qui m’ont offert gîte, couvert et lessive, en échange d’un bien modeste morceau de Gouda et de quelques petites groseilles à maquereau de mon jardin.
Et ce matin à St-Rémy, il fait déjà chaud au moment du départ ; heureusement je m’apprête à traverser le département très boisé des Yvelines, et il y a un petit vent de face qui apporte un peu de fraîcheur.
Et voilà le premier kilomètre qui est derrière moi. C’est parti.

À Choisel, je chipe un livre en libre-service, car j’ai bientôt terminé celui que j’ai emporté.
À Rambouillet, j’achète un sandwich que je mange dans le parc du château, au bord d’un bassin. Des bernaches se regroupent devant moi, sans doute dans l’espoir de récupérer des miettes.

En sortant de Rambouillet, je passe près d’une borne indiquant le chemin de St-Jacques de Compostelle (la voie de Tours passe par ici).

À Épernon, je croise deux américains à vélos, en route pour le Mont St-Michel ; on fait quelques kilomètres ensemble, puis je les perds de vue. Ils viennent de Seattle, comme les cyclistes septuagénaires rencontrés il y a cinq ans à Givors, sur la Viarhôna, et dont je m’étais dit que quand je serai vieux, je voudrais être comme eux.

Prochain morceau, la canicule : c’est aussi là qu’il commence à faire bien chaud. Le soleil est haut et il y a bien moins d’ombre que jusqu’à Rambouillet.

Naviguant dans les contreforts de la France profonde, je rejoins les bords de l’Eure, la rivière qui traverse Chartres. Un peu de fraîcheur.


Enfin je trouve le chemin vers le centre-ville de Chartres. Je connaissais l’existence de la cathédrale, mais en vrai, ça claque. Elle est imposante et lumineuse tant les vitraux sont omniprésents.



En attendant la disponibilité du Airbnb pour ce soir, je prends un café à l’ombre, sur le parvis de la cathédrale.
À la table à côté de la mienne discutent trois personnes, dont l’une d’elle semble être un marchand d’art. Laissant traîner une oreille, je l’entends dire « le plus important c’est d’aimer ce qu’on achète, parce que quand on veut acheter quelque chose, il faut d’abord le voir avec les yeux du cœur. » Je retiendrai, j’aime bien l’expression voir quelque chose avec les yeux du cœur.
Fin d’après-midi, je peux aller au airbnb, chez Micheline. Accueillante quoiqu’un peu saoulante, je dois dire. Je m’échappe en direction de la douche et du lit. Puis je sors pour manger.

Avant de m’écrouler au lit, je rentre en flânant dans les rues de la ville. Belle découverte.

Bilan de la journée :
- 76,41km parcourus
- 4h46 de pédalage
- 532m de D+
Don’t dismiss it like it’s easy
Tell me what’s so easy
About coming to say goodbye?
[…]
It’s not desperation that we’re breeding
It’s just a need we’re feeding
Before we say goodbye
Voilà un bon départ vers de nouvelles aventures !
Bravo et bon courage pour la suite.
La cathédrale est très belle !
Belles découvertes à venir…
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Te voilà reparti pour de nouvelles aventures dans la France profonde ! La cathédrale de Chartres vaut le détour ! Elle est très belle !
Bonne continuation, à la conquête de l’ouest !
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Et c’est reparti! Bon amusement dans la France profonde !
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Une nouvelle aventure commence ? C’est quoi la destination finale ?
Tu as laissé ça comme commentaire sur Airbnb : « accueillante quoiqu’un peu saoulante » ?? 😃
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Te voila parti ! Le vélo est plus simple que le train… En fait , le problème, ce sont les 2 ensemble !
J’ai un souvenir beau et chaud de Chartres, et aussi d’un café à l’ombre sur le parvis de la cathédrale !
Bisous, à bientôt !
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Oui, Manu, le boulot attendra, il fait trop chaud. Donc je prends mon café en lisant ton aventure fort intéressante, surtout dans les toilettes du train.
Chartres a l’air d’être une ville très belle, surtout pour sa cathédrale que je ne connais pas (Krikri l’a visitée et a beaucoup aimé).
Bon courage avec cette chaleur et merci de nous faire partager ton voyage. Bises de nous deux. Claude et Chris
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Passionnant Manu, c’est comme pour les feuilletons de la presse écrite de mon enfance. J’attends la suite avec impatience! Bon courage et ne t’oublies pas sous le soleil! 🥰😘
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Ca te met d’humeur poetique la vue des toilettes dis donc 😉
Bonne ballade dans la France profonde!
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