Dancing in the dark : de Compiègne à Longperrier

Aujourd’hui, on regarde un film : Bikepocalypse Now.

Cette nuit, le vent a beaucoup soufflé. Pas de pluie, mais beaucoup de vent. Au réveil, je prends mon temps : mon kilométrage de la journée est (censé être) faible et Brigitte, chez qui je dors ce soir, travaille tard.

Je quitte rapidement Compiègne par une route à travers la forêt. Il y a plein de chasseurs : gilets orange, fusils, chiens. Il y a aussi ce drôle d’engin :

Trottinette à moteur thermique

Par la suite, l’EV3 longe de nouveau l’Oise, je retrouve donc des paysages familiers.

Piste le long de l’Oise

Par contre, ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est les dégâts occasionnés par la tempête. Je vais croiser un paquet d’arbres en travers de mon chemin, parfois faciles à franchir, parfois m’obligeant à faire un détour.

Tempête

En plus il faut faire attention car je reconnais au sol des feuilles d’acacia. L’acacia étant, rappelons-le, un organisme génétiquement modifié et développé par le lobby des fabricants de chambres à air et de rustines.

Une fois passée Compiègne, c’est clairement la région parisienne. Les routes sont plus nombreuses, plus larges, plus passantes. Il y a la LGV Nord, l’autoroute A1, les signes de l’activité d’une grande ville, comme les entrepôts d’une industrie logistique. Les villages semblent aussi moins vivants la journée.

La LGV Nord

En passant sous le pont du TGV, je sens que la roue arrière est dégonflée. Je m’arrête et tâte le pneu : rien. Je deviens parano avec ces crevaisons.

Le chemin reste assez plan-plan jusque Pontpoint. Des petits villages, des petites routes de campagne à travers la forêt. Des bonnes montées, parfois, mais il fait beau.

Route et forêt

Avant d’arriver à Senlis, je traverse la forêt domaniale d’Halatte. C’est tranquille, il n’y a personne.

Forêt d’Halatte

Et puis juste pour sortir de la forêt, un arbre au milieu de la route. Celui-là je ne peux pas le franchir avec le vélo, je fais donc un détour par des petits sentiers boueux, en poussant ma monture à la main.

Vous ne passerez pas !

Puis très rapidement c’est Senlis. Ensuite, je dois traverser la forêt d’Ermenonville. Malheureusement à l’entrée la route est barrée, il y a un champ de tir dans cette forêt et en ce moment il y a des exercices. Je suis obligé de faire un détour sans trop savoir où je vais et en prenant des chemins non goudronnés.

Un gentil monsieur qui promène son chien m’indique la direction au début, puis quelques kilomètres plus loin, un cueilleur de champignons qui ressemble à Jean-Pierre Marielle me montre par où je dois continuer. Cependant la pluie a fait son apparition.

Ça canarde !

Les chemins sont de moins en moins bons et il y a parfois des arbres en travers. C’est là que je percute : la forêt, la pluie, les emmerdes, les bruits de tir : je suis au Viet-Nam. Ne manquent plus que les hélicoptères avec l’agent orange, ils ne devraient pas tarder.

Je jette mon vélo par-dessus l’arbre couché devant moi et continue tant bien que mal, en tentant de rester à couvert pour ne pas me faire repérer par l’ennemi. Foutue guérilla.

Dans un fourré, je croise le regard de Marlon Brando ; quand je lui demande ce qu’il fait là il me répond qu’il tourne un film avec Francis Ford Coppola. Le Viet-Nam, je le savais. Je finis par arriver à une route pavée avec un panneau qui indique Hô Chi Minh Ville.

Je me frotte les yeux, en fait le panneau indique Ermenonville, Seine-et-Marne. C’est compliqué comme journée.

Route pavée

C’est difficile les pavés. Bernard Hinault disait de Paris-Roubaix : « on ne m’enlèvera pas de l’idée que cette course est une belle cochonnerie ». Bien dit Bernard.

Je plafonne à 7km/h, puis à 11 quand une bande de terre meuble fait son apparition sur le bord droit de la route. Finalement, je parviens à retrouver l’EV3 et son goudron. Du coup je vais un peu plus vite, mais la pluie redouble.

Pas d’abri avant le village de Ver-sur-Launette. Il y a là une maison abandonnée avec une espèce de porche en tôle : parfait pour un abri. Je reste là une bonne heure, avec des vêtements secs que j’ai tirés de mon sac. J’ai quand même froid et c’est un moment assez peu plaisant. Mon t-shirt mouillé sèche tant bien que mal.

Abri improvisé

Vers 16h30, la pluie cesse, les nuages se déchirent : il est temps de repartir. Il reste environ 12km.

Ici plus de forêt, que des champs
Des betteraves en pagaille

Des petites routes encombrées de voitures, de camions et de bus finissent par me mener à Longperrier. Sur la fin c’est long, je suis content d’arriver.

Longperrier jouxte la commune de Dammartin-en-Goële, dans le nord de la Seine-et-Marne. Vous en avez entendu parler : c’est dans cette ville que s’est terminée la cavale des terroristes de Charlie Hebdo, en janvier 2015.

C’est Jean-Pierre qui m’accueille. Très sympa, on papote puis sa femme Brigitte rentre du boulot. Je commande une pizza (je continue à dire ce qu’il y a sur les pizzas que je mange ?) et on continue de discuter tous les trois, essentiellement voyages.

Puis je vais au lit parce que ça fait 6 jours de vélo en continu, et la fatigue s’installe.

Les chiffres d’aujourd’hui :

  • Distance 69,78km (cumulée 505,48km)
  • Temps de pédalage 4h51 (29h54)
  • Dénivelée 641m (cumulée 2741m)

Messages keeps gettin’ clearer
Radio’s on and I’m movin’ ’round my place
I check my look in the mirror
Wanna change my clothes, my hair, my face
Man, I ain’t gettin’ nowhere
I’m just livin’ in a dump like this
There’s somethin’ happenin’ somewhere
Baby, I just know that there is

You can’t start a fire
You can’t start a fire without a spark
This gun’s for hire
Even if we’re just dancin’ in the dark

4 commentaires sur « Dancing in the dark : de Compiègne à Longperrier »

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