Leper Messiah : de Mézières-sur-Oise à Compiègne

Aujourd’hui du vent dans la figure, et dans les pneus. Encore.

Ce matin j’ai prévu d’aller à St-Quentin chez Décathlon pour acheter des chambres à air. Rita dit à Jacques qu’il peut m’y emmener. Jacques, imperturbable, rappelle que sa femme gère les clients, et lui les emmerdes.

Mais il ajoute, lucide, que c’est mieux comme ça : il y a quinze kilomètres jusqu’à St-Quentin, Décathlon est à l’autre bout de la ville, et il pleut. Je prends donc un petit déjeuner pantagruélique avec pain, beurre de lait de grenouille, miel d’amanite tue-mouche, et un œuf de facehugger (la créature du film Alien) cuit à la vapeur.

Le goût est spécial mais sur du pain beurré avec un peu de sel, ça passe très très bien.

Facehugger cuit à la vapeur

Aller-retour chez Décathlon, j’achète deux chambres à air et un kit de rustines, les miennes ont plus de cinq ans.

Enfin, je suis prêt à partir. Rita et Jacques ont été aux petits soins avec moi, mes vêtements sont propres, mêmes mes chaussures n’ont plus de boue sous la semelle, et j’ai bien gagné 2h30 en évitant un aller-retour chez Décathlon avec le vélo. Sans compter la pizza d’hier, qui ne m’a pas coûté plus cher que si j’avais été la chercher moi-même. Leur établissement est vraiment un endroit qui gagne à être connu.

L’heure de partir

Je recommence à suivre le canal Sambre-Oise qui se trouve à une vingtaine de mètres de là. Il y a un peu de vent de face mais il fait beau.

Canal

Après treize kilomètres de canal, la roue arrière commence à tanguer, comme hier. Bon ça va, j’ai compris. Je pose donc mon barda, et encore une fois un gravillon a transpercé le pneu. Cette fois je ne mets pas une nouvelle chambre, je mets une rustine de mon vieux kit, on verra si ça tient. Je regarde l’heure : j’ai mis trois quarts d’heure à tout faire, la plupart du temps étant dédiée au regonflage. Ma pompe est assez grosse pour une pompe de voyage, mais les pneus sont gros aussi.

À partir de là, quand même, je décide que les &@#$ chemins de halage avec leurs §*%# gravillons, j’en ai ma claque. Je continue encore quelques centaines de mètres au bord du canal, le temps d’arriver à La Fère, premier village venu, avec l’intention d’aller à Compiègne par la route. À noter tout de même que je trouve à La Fère un truc étonnant.

La tombe de France Télécom, à côté du parking du Lidl

Je traverse quelques villages les uns derrière les autres et j’achète à manger dans une boulangerie. À Viry-Noureuil, la gare me permet de trouver un abri (il y a un peu de vent) pour manger mon sandwich (confectionné avec du pain et du jambon de dragon donnés par Rita au petit déjeuner. Et un reste de tomme achetée au Auchan de Fourmies).

Pique-nique

Remarquons que cette gare possède une ligne directe vers, à mon avis, les années trente.

Les téléphones de la SNCF

Ensuite, j’enchaîne les petites départementales. Dans ces coins très ruraux, il n’y a pas beaucoup de voitures qui circulent. Mais c’est plus dur que si j’étais resté au bord du canal : c’est vallonné, de temps en temps je dois m’arrêter pour vérifier mon chemin : difficile de trouver un rythme. Le décor c’est des forêts, des petites routes, des petits bleds.

Forêt
Petite route
Petit bled

À Bailly, je m’adresse à deux dames discutant devant une maison pour avoir un peu d’eau. Puis je retrouve l’Eurovélo 3, qui a eu la bonne idée de quitter elle aussi les chemins de halage. Et je fais une dernière pause près d’un coin de forêt.

Les meilleures toilettes du monde. Faire caca dans la forêt c’est satisfaisant, rien de mieux pour retrouver son côté animal.

Une dernière traversée de forêt (celle de Laigue), et j’arrive au derniers des villages juste avant Compiègne. Entre-temps j’ai aperçu un avion dans le ciel, ça trahit la proximité de la région parisienne.

Dernière forêt de la journée
Le village des options de terminale. Moi j’avais allemand et gynécologie dans l’espace (©Pierre Dac)

Traversée de Compiègne et arrivée chez Alcinda, mon hôte pour ce soir. Ça change beaucoup de la veille, déjà parce que le cadre n’a rien à voir, et puis aussi parce qu’Alcinda semble très réservée, au contraire de Rita et Jacques qui sont facilement déconneurs.

La vue

Un peu de fatigue quand même. En arrivant je me dis que la crevaison m’a fait perdre un temps que j‘aurais préféré passer à me reposer.

Deux trois courses pour ce soir et le petit déjeuner de demain matin. On reste classique, du riz avec des larves de blatte et de la compote de cervelle d’extraterrestre.

Pendant que je prends mon repas, je discute un peu avec Alcinda. Elle est capverdienne, alors comme je suis allé en vacances au Cap-Vert, je la lance là-dessus et elle me parle du Cap-Vert avec un sourire sur les lèvres et des étoiles dans les yeux.

Alcinda a travaillé toute sa vie en France et est à la retraite. Je lui demande si elle pourrait aller vivre au Cap-Vert, elle me répond que non parce qu’elle est trop attachée à la France.

Les chiffres de la journée :

  • Distance 74,08km (cumulée 435,70km)
  • Temps de pédalage 4h16 (cumulé 25h03)
  • Dénivelée 318m (cumulée 2100m)

Marvel at his tricks
Need your Sunday fix
Blind devotion came
Rotting your brain
Chain, chain, join the endless chain
Taken by his glamour
Fame, fame, infection is the game
Stinking drunk with power

4 commentaires sur « Leper Messiah : de Mézières-sur-Oise à Compiègne »

  1. Eh bien, voilà encore une étape bien sympathique ! 😊
    Les rencontres, les paysages, la découverte de la vie sociale dans ces régions si éloignées du tourisme, tout cela doit être bien enrichissant, malgré les difficultés du parcours…
    Bon courage, tu n’as jamais été aussi près du but.

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  2. Ça sent déjà bien trop la fin je trouve! Je te souhaite donc encore quelques bonnes crevaisons histoire de pouvoir faire une étape surprise supplémentaire;-). Bon courage et suis bien les avions!

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