Quatrième jour. Le jour des shadoks.
Ce matin réveil tranquille, petit déjeuner plan-plan et puis paisiblement, je reprends la route, non sans avoir dit au revoir à Bérangère et son mari. Il a plu une bonne partie de la nuit et le ciel est bien bouché, mais pas de pluie.
Et puisqu’on me demande ce que je mange, Bérangère m’a cuisiné une omelette aux œufs de licorne agrémentée de lardons de plésiosaure.
Direct c’est la forêt domaniale de Fourmies, une forêt dense, touffue, sauvage, et en même temps calme. J’ai l’impression d’être dans un documentaire animalier.

Alors que je passe à proximité de l’étang de Milourd, la route est barrée, sans raison apparente. Si bien que je me retrouve à faire le tour de l’étang dans des chemins pour lesquels mon vélo est moyennement adapté. Mais ça passe.


L’étang de Milourd est nommé ainsi en référence à la chanson composée par Geourges Moustouki et chantée par Edith Piouf, en tout cas c’est ce que j’ai lu sur un panneau sur le parking à côté. Moi je préfère Scarborough Fair.

La suite c’est encore et toujours de la forêt, avec beaucoup de relief et notamment des petits raidillons bien sentis.

Au bout de vingt kilomètres et presque deux heures, me voici à Hirson. Et à Hirson, coule une rivière qui s’appelle le Gland. Cela confirme ce que m’avait dit un jour un écureuil : malheureusement tous les glands ne sont pas dans la forêt. Notez que l’an dernier j’avais roulé le long d’une rivière appelée la Chiers.
Bref, à Hirson j’achète à manger, et une carte postale. Précision sur la bouffe : c’est un sandwich aux gencives de poule et à la sauce aztèque. Également un pain aux cafards, c’est comme un pain aux raisins mais avec des cafards, ça croustille un peu plus.

Passée Hirson, le relief se calme et je peux commencer à remonter ma vitesse moyenne : de la piste toute droite, toute plate, bordée par des arbres pour m’éviter le vent. Il y a juste une petite montée, opportunément placée proche du village de Ohis.

Un peu plus loin je fais une pause. Les pauses c’est facile : je m’arrête et je laisse le vélo au milieu du chemin. De toute façon il n’y a absolument personne, j’ai la piste cyclable juste pour moi.
J’aimerais bien faire des pauses là où il y a des gens, mais il n’y a personne le long de la piste. Il n’y a que des arbres, des oiseaux (j’ai vu un pivert. C’est très beau) et beaucoup d’écureuils, j’en vois vraiment plein. Et puis aussi à Luzoir, des chèvres curieuses.

Encore un peu de bornes et je m’arrête à Etréaupont pour manger mon sandwich, sous le parvis de l’église. Ça protège un peu de la pluie.
Environ une heure plus tard, j’arrive dans un village dont le nom m’est familier : tiens ça se trouve ici ! Vous aussi je parie que ça vous dit quelque chose.

Après j’ai noté un truc bizarre dont Kamini ne parle pas dans sa chanson, c’est l’immatriculation d’un portail. Sans rire.

Et puis je continue, encore et toujours à travers la forêt.

Mais peu à peu, la forêt disparaît au profit des champs, du coup des villages apparaissent. Mais pas que.

Et puis arrive la grosse ville du coin, Guise.

Alors que j’arrive à Guise, je descends du vélo pour jeter des trucs dans une poubelle qui traîne là. Et mon pneu avant se met à parler, il me dit « pfffffff… »
C’est le genre de remarque qu’on aime pas trop entendre de la part d’un pneu, mais en général même si on essaie de lui demander de se taire, il continue.
Je continue donc à pied jusqu’à un square, je pose je vélo contre un banc, et je remplace la chambre. Un petit caillou tranchant et vicieux s’est logé dans une rainure du pneu et a fini par atteindre la chambre. J’en profite pour regonfler un peu la roue arrière qui perdu un demi bar depuis quatre jours, et j’appelle la dame de la chambre d’hôte de ce soir pour lui dire que je vais arriver plus tard que prévu.
Mais attendez la suite.
Je commence par me perdre dans Guise car la véloroute est très mal indiquée dans ce village, puis je retrouve, grâce à quelques panneaux, la piste qui longe l’Oise. Mais c’est un chemin en terre et à mesure que j’avance, c’est de pire en pire.

J’ai transformé mon vélo en tas de boue, et moi aussi par la même occasion. Et j’ai encore pris un peu plus de retard. Du coup, pour la suite, je reste sur la route.
À une petite dizaine de kilomètres de l’arrivée, je sens des frottements bizarres à l’arrière, et ça ne ressemble pas aux frottements qui apparaissent parfois dans la boîte de vitesses logée dans le moyeu de la roue arrière. Puis la roue tangue à gauche, à droite…
Je pose donc le vélo contre le mur d’une maison et je commence à réparer. Là encore, un gravillon a traversé le pneu. Alors que je commence à regonfler le pneu, le monsieur qui vit de l’autre côté du mur apparaît. Comme il est gentil, il remplit mes bidons, m’offre un verre de jus de fruit et me prête son jet d’eau et une brosse pour nettoyer le vélo et surtout retirer les gravillons coincés dans les rainures du pneu.
J’ai noté que 100 coups de pompe correspondaient à 1/2 bar. Comme j‘ai crevé deux fois et que lors de la première crevaison j’ai remis 1/2 bar dans la roue arrière, j’ai pompé environ 2100 coups. Je vais envoyer un CV chez les Shadoks.

Restent dix kilomètres, parcourus à toute blinde parce que j’aimerais bien finir par arriver. En tout cas j’en suis quitte pour un beau coucher de soleil sur le canal entre la Sambre et l’Oise.

À Mézières-sur-Oise, je suis accueilli par Rita qui me propose de commander une pizza pour mon dîner, pizza qu’elle ira elle-même chercher en voiture. Comment refuser ? En voyant mes vêtements maculés de boue elle me propose de les lui donner pour qu’elle les lave. Comment refuser ?
La chambre est gigantesque et confortable, avec une super douche et un super lit. Quand je descends manger ma pizza, Jacques, le mari de Rita, est là.
Les deux restent avec moi et racontent des histoires de leur chambre d’hôte sur un ton décalé et pince-sans-rire (enfin pour Jacques vu que Rita n’arrête pas de rigoler). Jacques explique en particulier comment fonctionne l’établissement : « ma femme gère les clients et moi je gère les emmerdes ». Ça me fait du bien de rencontrer des gens comme ça.
Pour la pizza c’était une calzone aux ailes de chauve-souris albinos (ça ressemble à du jambon) et à la bave de crapaud (quand c’est cuit ça a la consistance de la mozzarella).
Ensuite je monte me coucher parce que demain il va falloir que j’aille à St-Quentin, à une quinzaine de kilomètres de là, pour trouver des chambres à air de rechange.
Un peu de chiffres et après c’est dodo.
- Distance 94,65km (cumulée 361,62km)
- Temps de pédalage 5h36 (cumulé 20h47)
- Dénivelée 533m (cumulée 1782m)
See through your triples, falling, limping, crawling
Biting, fighting, back from dying
Endless ending, comprehending
Nothing of the sin she’s sinning
Loosely buying your cheating, your lying
Will make it mine, with no more crying
Cracked like a cat with my head in a sack
And I feel like I’m tied to a railroad track
All your fears are lies
Journée humide et de galères, mais qui finit bien et sous le soleil ! Bon courage à toi Manu !!!
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Nous, pour les bains de boue, on a la station thermale de La Léchère. Moins de risques de crevaison…
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J’ai bien ri avec le récit de ta journée !
Décidément, tu en as des aventures !
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Ces petites vicissitudes du chemin ont l’avantage de nous maintenir connectés à la réalité et en définitive elles allègent les pensées.
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i06173989/yves-montand-promenade-de-picasso
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C’est presque un stage de survie ton épopée!
Bon courage pour la suite…
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Bravo pour l’humour malgré les galères !
Nous hier soir, dans un genre différent d’humour, on a eu le récit des « marmousets » par Claude. Tu demanderas à tes parents.
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