Felt better alive: bon dimanche

Le matin du deuxième samedi de ses vacances (c’est-à-dire le 26 avril), Grogu vaque à ses occupations : un petit déjeuner qui s’étire, des legos, une partie de Monkey Palace avec moi.

Puis je l’emmène chez sa maman et je passe ensuite une partie de l’après-midi à ranger la maison : une combinaison d’activités souvent déprimante.

Monkey Palace

En fin d’après-midi, Bo-Katan me propose de venir chez elle et que j’aille faire du vélo avec son père et son fils aîné le lendemain matin. Ni une ni deux, je jette mon vélo et deux trois affaires dans la voiture.


Le lendemain matin, je regonfle les pneus du vélo du fils de Bo-Katan, que je vais désormais appeler Gungi pour plus de clarté. Gungi a douze ans et il est moins poilu que son homonyme.

Dans la série The Clone Wars, Gungi est un pandawan Jedi wookie

Le père de Bo-Katan (d’ailleurs c’est marrant, dans l’univers Star Wars le père de Bo-Katan se prénomme Adonai), qui se déplace en fauteuil roulant, rajoute une roue motorisée à son fauteuil et nous rejoint.

Puis c’est le tour de son petit frère, six ans, qui décide au dernier moment de nous accompagner et s’assoit donc sur les genoux de son grand-père.

Et c’est parti.

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Balade à vélo

Je connais mal les environs et je suis donc ce petit monde à travers la ville puis les champs. Il fait beau et Gungi nous guide sur un itinéraire qui lui est familier.

À travers champs

On traverse une ferme, le temps de s’extasier sur un veau en train de téter sa mère. Puis on suit l’Amstel, fleuve qui serpente par là jusqu’à Amsterdam. À l’horizon se dessinent Amsterdam et le toit du stade Johan Cruyff.

Ferme

Enfin il est temps de rentrer, on rejoint la ville. Gungi part de son côté pour un itinéraire secret et nous retrouve à la maison.

Sur le chemin du retour : une photo pour mes deux nièces qui adorent les chevaux

Je range mes affaires et je prends congé : le petit frère de Gungi a une leçon de natation, et moi une sortie en solo. Le père de Bo-Katan me prend dans ses bras, il est content de la sortie avec moi. Ça tombe bien, j’ai moi aussi beaucoup apprécié, on recommencera dès que possible.


Bilan de la matinée :

  • Distance : 10,10km
  • Temps de pédalage : 54 minutes
  • Dénivelée: 15m

À présent, direction la campagne vers Arnhem.

Pour ma sortie tout seul, j’ai un itinéraire que j’ai déjà parcouru il y a un peu plus d’un an, je m’étais dit que je reviendrais un jour avec une météo un peu plus clémente. C’était une épreuve organisée mais de mémoire, j’étais seul et le restaurant faisant office de lieu de rendez-vous n’était pas au courant du truc. L’année précédente j’avais vécu une expérience du même acabit, avec la même organisation.

Vous ne serez pas surpris que l’organisateur de ces événements — fournissant au demeurant des itinéraires d’excellente qualité — n’existe plus.


Je laisse ma voiture au parking et je file dans la forêt. Pas beaucoup de souvenirs de l’an dernier, mais les paysages sont familiers. Je me rappelle quand même que la végétation était bien moins verte, et couverte de givre au départ.

Pas non plus de vache en hiver

Je retrouve les paysages familiers du coin, tantôt des pistes traversant une forêt, tantôt une lande sèche parcourue de chemins.

Après deux petites heures, je dégote un hôtel en pleine forêt pour y faire remplir mes bidons, presque vides. Le personnel est adorable, en particulier la personne qui m’accueille : un italien également amateur de cyclisme qui entame chaleureusement la conversation.

Ça s’appelle Hotel De Bilderberg et d’après une amie qui y a déjà été, c’est très très bien. Le restaurant est bon et il y a aussi un spa.

Bilderberg

Un peu plus loin, je fais une pause ravitaillement au moyen d’un sandwich au fromage acheté dans une station-service.

Pause

Une petite heure plus tard, je passe par la gare de Ede-Wageningen, qui me semble avoir bien changé depuis l’an dernier. Je m’en souviens parce que j’y avais fait une halte. Il y faisait une chaleur étouffante, environ 7°C.

L’architecture est assez étrange. C’est massif, c’est vide, c’est un assemblage sans unité de morceaux mis les uns avec les autres, et il y a un escalier qui semble ne mener nulle part. On dirait une gare avec uniquement des trains qui viennent de partir, et d’autres qui n’arrivent jamais. Comme si le temps était suspendu, et que le voyageur, prisonnier de ces limbes temporelles, se demande ce qu’il fiche là.

Enfin bref, la gare de Ede-Wageningen, c’est la version néerlandaise de la Gare Montparnasse vue par Giorgio De Chirico.


Gare Montparnasse (La Mélancolie du départ) de Giorgio De Chirico

La gare Montparnasse, en vrai, on ne sait pas où commencent et finissent la gare, la tour, le centre commercial, et c’est plein de bretons qui espèrent que leur train, annoncé avec un retard indéterminé (HIDALGO DÉMISSION !!!) finira par partir.

Dans un autre style, devinez qui a peint un paysage ferroviaire ? Mais oui, notre ami Gustave Caillebotte.

Gustave Caillebotte, le Pont de l’Europe

Soyons honnête : il faut reconnaître à Gustave un certain sens de la composition, avec les entretoises du pont et la vue de la Gare Saint-Lazare dans l’espace à droite. Son tableau est cependant bien grisâtre et se limite à une espèce d’exercice de style.

Claude Monet, Le Pont de l’Europe, Gare Saint-Lazare

Moins lisible mais autrement plus fascinant, vous avez le même pont, sous une autre perspective, dans un tableau de Monet. Ce dernier dépeint un univers furieux et inquiétant, dominé par la fumée et l’acier. Le rougeoiement du sol qui déteint jusque sur les bâtiments aux alentours, la structure du pont, la fumée omniprésente, donnent l’impression que la locomotive s’élance dans une arène infernale.

Autre point de vue du monde ferroviaire, celui du peintre américain Edward Hopper.

Edward Hopper, Compartiment C Car

Comme d’habitude avec Hopper, peintre de l’aliénation, les personnages semblent prisonniers d’eux-mêmes et ici le compartiment vide symbolise la cellule dans laquelle se trouve le personnage. La femme de ce tableau est seule mais elle voudrait être ailleurs, sans vraiment savoir où. On devine qu’elle lit son livre mais sans y être complètement absorbée. La seule échappatoire est au travers de la fenêtre du compartiment, laquelle donne sur un paysage sombre et bien peu avenant. C’est peut-être, d’ailleurs, une figuration de l’état d’esprit du personnage.

Un détail révélateur : l’ombre portée sur le mur de la lampe, ce qui signifie que celle-ci est éteinte. Pourtant, et malgré la nuit tombante, une forte lumière éclaire la scène. Sommes-nous vraiment dans un train, ou bien dans un décor ? C’est le genre de question qui revient chez Hopper, tant l’éclairage de ses tableaux est souvent complexe et irréaliste.

Rien de ferroviaire chez Jean-Léon Gérôme, vous vous doutez bien qu’il n’allait pas s’abaisser à un sujet d’une aussi vulgaire modernité.


Mais revenons au vélo.

Après la traversée de Ede, c’est une vaste lande sableuse. Dans le ciel, un avion exécute des figures de voltige. Très impressionnant, malheureusement pour vous la vidéo n’a rien donné de probant.

Lande

De l’autre côté, je retrouve la forêt. Et un groupe de promeneurs qui s’extasient devant un serpent. En fait, un orvet qui se déplace mollement dans l’herbe.

Orvet

Alors que j’arrive à une intersection où je suis censé prendre à droite, me voilà bien embêté car un portail fermé me barre le passage. Pas de souvenir de ça et le chemin mène à un tunnel qui me permet d’aller de l’autre côté d’une autoroute. Pas vraiment d’alternative disponible aux alentours, me voilà quitte pour un bon détour.

Portail fermé

Une semaine plus tôt, j’ai éprouvé une autre forme de perplexité face à autre porte, celle-ci à l’aéroport de Genève. Non pas que j’aurais eu besoin de savoir ce qu’il y avait derrière, mais c’était une porte que je qualifierais de métaphysique, ou au mieux de surréaliste. Jugez plutôt.

Porte à l’aéroport de Genève. Je pose la question : pourquoi mettre une porte qui est censée ne jamais être ouverte ?

Bref, je continue sur mon détour et j’arrive à un autre portail, tout aussi clos que le premier. Mais là, je vois qu’il y a une porte adjacente. Merveille, elle s’ouvre et je peux passer. Je vérifie sur la photo que j’ai prise quelques minutes plus tôt, qui me montre la même configuration. J’aurais pu passer.

Je me sens un peu con, d’un seul coup. Même si les meilleurs professionnels ont parfois des ratés.

Fin de l’itinéraire quand je reconnais la piste sableuse en bordure de forêt et surplombée par une ligne électrique.

Derniers kilomètres

Comme j’ai commencé ma sortie alors que l’après-midi était déjà entamée, il est 19h passées et j’ai encore presque une heure et demie de route pour rentrer. Je laisse tomber l’idée de dîner au restaurant, je rentre au bercail et après avoir avalé un reste de gnocchis à la sauce tomate boudés par Grogu quelques jours auparavant, je m’effondre au lit.


Après, comme c’était Pâques il y a pas longtemps, je vous mets une vidéo en rapport avec la choucroute. Casher, la choucroute.


Crédits:


Bilan de l’après-midi :

  • Distance : 79,10km
  • Temps de pédalage : 4h03
  • Dénivelée : 489m

I gave my nights up for old songs, sound better alive
I gave my life over to old songs, sound better alive
I dredged the mouth of the Humber, felt better alive
Slipped unnoticed across your border, felt better alive

2 commentaires sur « Felt better alive: bon dimanche »

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