Bonne année tout le monde. Eh oui, premier article de 2023.
Oui je sais, on est en mars, et alors ? C’est mon blog, je fais ce que je veux.
Après le déluge et les tempêtes de neige des derniers jours ici, hors de question de laisser passer un samedi au ciel bleu dès le matin. Au sortir d’une bonne grasse matinée (selon mes standards, c’est à dire 7h30), je récupère un petit itinéraire vélo avec retour en train inclus : je vais aller à Amsterdam en passant par la côte.
Itinéraire connu, mais pour la vraie première sortie de l’année, c’est ce qu’il faut, et puis c’est joli.
Départ tranquille à travers La Haye. D’ailleurs en ce moment il y a de gros problèmes de stationnement à La Haye, je vous raconte pas.

Par la suite, comme d’habitude, le paysage change dès que je quitte la ville pour m’enfoncer dans les dunes.

La suite est familière, les pistes cyclables pavées dans les dunes, les groupes de cyclistes qui se tirent la bourre, les retraités pédalant paisiblement, les coureurs, les familles en vélo-cargo.
Et les animaux.

À Katwijk, première station balnéaire sur le chemin, je grignote un bout. C’est assez désert.

À Noordwijk, je prends le temps de faire un petit tour sur la plage. J’entends parler allemand. Les touristes allemands dans les stations balnéaires néerlandaises, c’est, tout autant que les jonquilles et les jours qui rallongent, le signe que le printemps est bientôt là.

Dans quelque temps, les restaurants éphémères fleuriront sur la plage. En attendant, à Noordwijk, il n’y en a qu’un, il semble fermé.

La prochaine station balnéaire est Zandvoort, à une quinzaine de kilomètres ; d’ici là c’est la meilleure portion de la côte, la plus boisée, la plus déserte aussi, la plus paisible.
Pourtant, assez rapidement, je tombe sur un bled du bord de mer que je ne reconnais pas. Au moment où j’arrive, le ciel s’est assombri. Il n’y a que des rues vides bordées de maisons aux murs sombres, et une étouffante odeur de poisson.

Alors que je passe dans une ruelle, je croise deux habitants, et leur faciès est surprenant : une tête étroite, un nez plat, des yeux globuleux et un regard fixe. Un peu plus loin, d’autres habitants ont le même genre de visage.

Sur un banc, face à la mer, un vieil homme, lui avec une apparence plus normale, me hèle. Il a une bouteille vide à la main et me demande si dans mes bidons il n’y aurait pas de l’alcool.
Il commence à me raconter des histoires sur le passé du village qui ressemblent à des secrets de famille inavoués, l’industrie inexplicablement florissante de la pêche dans le coin, et l’influence selon lui néfaste du rocher que l’on voit au large. Il termine tout ce qu’il dit par « foi de Zadok Allen ».

Je continue mon chemin et je finis par passer devant un bâtiment qui ressemble à un temple ou une sorte d’église. Au fronton est écrit « Ordre Ésotérique de Dagon ».
Je décide que je n’ai pas envie d’en savoir plus sur ce lieu, et je me dépêche de retrouver la piste qui longe la côte. L’odeur de poisson s’estompe, le ciel s’éclaircit. (1)
À Zandvoort, je quitte la côte en empruntant la piste cyclable qui mène à Amsterdam. Peu à peu, les paysages des dunes laissent la place à un environnement urbain, c’est la traversée de Haarlem. Et à Haarlem, sur quoi tombe-je ?

Sur la piste, je pédale à proximité d’un livreur à vélo du restaurant Little Jamaica. Et effectivement, alors que je roule dans son sillage, je sens bien le fumet des spécialités jamaïcaines. Vous savez, celles dont Coluche préconisait la culture à la maison, sur le rebord de la fenêtre, en laissant les feuilles pousser « jusqu’à une bonne hauteur, mettons jusqu’à tant qu’on ne voie plus le commissariat ».
Enfin, à la sortie de Haarlem, il me reste une dizaine de kilomètres, avec encore un peu de nature tranquille.


Puis c’est la ville, bizarrement bondée. J’ai du mal à me frayer un chemin tellement il y a de piétons et de bagnoles.

Avant de rejoindre la gare, je décide d’un détour par le centre-ville, et c’est toujours aussi rempli.

À Amsterdam, circulant à vélo, je décide de pousser le potard de la gentrification en m’installant en terrasse du Pain Quotidien, et d’y commander un brunch. J’y côtoie donc un développeur web et un graphiste, tous deux barbus et tatoués, attablés en train de déguster, l’un une entrecôte de tofu sans lactose et l’autre un plateau de fromages d’avoine aux graines de chia sans gluten.
Mais également un couple de français qui s’obstinent à parler français au serveur, lequel ne comprend visiblement pas ce qu’ils veulent.

Une serveuse m’amène mon plat. Et alors là, horreur : on m’a apporté un pain au chocolat bzw. (2) une chocolatine, tandis que le menu indiquait « croissant au chocolat ». Quand je dis au serveur qu’il va faire fumer le cerveau des touristes français, il répond qu’il prend régulièrement des remarques que « non, ce n’est pas du tout la même chose et que ça ne devrait pas être écrit comme ça sur le menu ».

Pendant que je mange, sur le trottoir un espagnol répète « sácatela » dans son téléphone. Ça pourrait inspirer une chanson.
Je termine ma journée en filant vers la gare, non sans passer devant un restaurant qui cache très certainement un temple Jedi.

Peu de temps à poireauter à la gare et je mets facilement mon vélo dans l’Intercity. Prenez-en de la graine, les TER Hauts-de-France.
Dans le train, une petite fille me regarde en souriant. À côté, une dame pianote sur sur son téléphone, un rictus heureux sur les lèvres.
Bilan de la journée :
- 86,73km parcourus
- 4h37 de temps de pédalage
- 314m de D+
(1) si vous voulez en savoir plus lisez « Le cauchemar d’Innsmouth » de H.P. Lovecraft ou écoutez son adaptation ici.
(2) bzw. = ou bien, respectivement
How do you quiet the mind? You meditate
How do you open the heart?
You start to love that which you can love
And just keep expanding it
You love a tree
You love a river
You love a leaf
You love a flower
You love a cat
You love a human
But go deeper and deeper into that love
‘Til you love that
Which is the source of the light behind all of it
Behind all of it
You don’t worship the gate
You go into the inner temple
[…]
I want to know who I really am
As if in each of us
There once was a fire
And for some of us
There seem as if there are only ashes now
But when we dig in the ashes
We find one ember
And very gently we fan that ember
Blow on it, it gets brighter
And from that ember we rebuild the fire
[…]
The ember gets stronger
Flame starts to flicker a bit
And pretty soon you realize that all we’re going to do for eternity
Is sit around the fire
Ouah ça devient de la science fiction t’es récits !! 😃
Pain au chocolat chez nous ! Le reste ne veut rien dire 😂
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La côte néerlandaise t’inspire et t’emmène dans l’imaginaire !
J’aime bien les paroles de la chanson
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Beau périple…
Entre Cthulhu, Dagon, Ashoka et Hopkins, ce blog devient un tantinet mystique…😊
Bon, La Femme, avec Sácatela, c’est un autre registre…
On attend la suite !
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Le silence après duManu c’est encore duManu…
J’adore le passage sur les hipster et la bouffe chelou
Vivement le prochain
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Toujours aussi sympa tes blogs.
Et ton humour, on adore !
Belle balade en tout cas.
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Nous avons eu, avec Geneviève, autant de plaisir à te lire qu’à déguster une chocolatine au petit déjeuner. Impatient de suivre tes prochaines aventures.
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